Rétrospective SGES 2023 : Comment obtenir un impact ensemble
Du 5 au 7 septembre 2023, le Swiss Green Economy Symposium (SGES 2023) a de nouveau eu lieu à Winterthur. Lors de cette 13e édition, de nombreux représentants de l'économie, de la science et de la politique se sont à nouveau rencontrés pour un échange sur l'économie durable. Le slogan de cette année était : "Ensemble, pour plus d'impact".
Atteindre le zéro net d'ici 2050 est en train de devenir un moteur pour l'économie et la politique. De nombreuses mesures ont été prises. Mais il semble encore que beaucoup d'initiatives individuelles soient prises dans ce sens. De ce point de vue, le slogan du Swiss Green Economy Symposium de cette année devait être compris comme un appel à rassembler les forces afin d'obtenir ensemble plus d'effets. Neuf keynotes, seize forums d'innovation sur différents thèmes et une exposition sur l'innovation ont permis au public de se familiariser avec l'"économie verte", dont les 17 objectifs de développement durable de l'ONU constituent les piliers.
Nimby, Banana, Cave : comment l'effet est empêché
Les personnes présentes - environ 2000 participants et 250 intervenants selon les organisateurs - étaient probablement d'accord sur le fait que les problèmes en suspens - et ils sont nombreux - ne peuvent être résolus qu'ensemble. Les positions sur le "comment" continuent de diverger : Alors que certains misent sur une plus grande responsabilité individuelle, d'autres souhaitent que l'État intervienne davantage. Les discussions sur le thème de l'énergie, où le trilemme est difficile à résoudre, sont exemplaires : Atteindre l'objectif net zéro tout en préservant la sécurité de l'approvisionnement au coût le plus bas possible. Adrian Stiefel, directeur de l'Office de la protection de l'environnement de la ville de Berne, montre que, d'une part, cela ne va pas sans une réglementation claire, mais que, d'autre part, tous les acteurs doivent être impliqués. Et cela semble fonctionner : en 2021, Berne s'approvisionnait déjà à 85% en énergie renouvelable.
Mais il reste encore de nombreux obstacles. Christoph Brand, CEO d'Axpo, les a décrits par trois acronymes : "Nimby" (not in my backyard), "Banana" (build absolutely nothing anywhere near anybody) et "Cave" (citizens against virtually everything), faisant ainsi allusion à la politique d'opposition à la construction d'éoliennes qui sévit à ses yeux. Un reproche que la conseillère nationale socialiste Martina Munz n'a pas voulu laisser passer : "Nous faisons beaucoup à Berne", a-t-elle déclaré, en faisant référence au Solar- und Wind-Express récemment adopté, un paquet de mesures visant à accélérer la construction d'installations solaires et éoliennes avec une seule possibilité d'opposition. Est-ce que cela va permettre le tournant énergétique ? Alexander Keberle d'economiesuisse s'est montré sceptique à ce sujet : "Cela ne suffit pas du tout". Il a souligné la nécessité d'exploiter les centrales nucléaires aussi longtemps que possible et de ne pas commettre la même erreur que l'Allemagne, qui doit désormais produire plus d'électricité à partir du charbon en raison de l'arrêt des centrales nucléaires et qui est même tributaire des importations.
La table ronde a toutefois montré que les positions se rapprochaient également. Le fait qu'il faille aller de l'avant avec la construction d'installations solaires et le stockage de l'électricité afin d'éviter à court terme une pénurie d'électricité imminente fait l'objet d'un large consensus. "Nous devons maintenant aller de l'avant là où l'on est d'accord, et ne pas discuter des différences", conclut Christoph Brand. Ou justement : Avoir plus d'impact ensemble...
Atteindre les objectifs de durabilité : On ne peut pas se passer de données
Les grandes entreprises comme BASF sont notoirement surveillées de près en matière de protection du climat. Lars Kissau, responsable de l'accélérateur "Net Zero", a clairement expliqué que les grands acteurs économiques ne peuvent pas atteindre leurs objectifs "net zero" sans coopérer avec des partenaires. À cet égard, il a également lancé un appel à la politique internationale : il a souhaité une meilleure coopération entre la Suisse et l'UE, mais aussi une suppression des barrières au sein de l'Europe, par exemple en matière d'approvisionnement énergétique et de recherche et développement. Tanja Zimmermann, directrice de l'Empa, a mentionné à quel point une telle coopération pouvait être fructueuse au-delà des frontières nationales. "Grâce à des entreprises comme BASF, nous avons maintenant deux fois plus de projets à l'Empa". La volonté des entreprises d'aller de l'avant est donc bien là. Des conditions-cadres ouvertes à la technologie sont une condition préalable, comme l'a reconnu Franziska Ryser, conseillère nationale du parti des Verts. Des lois sur le CO2 différentes au niveau international pourraient entraver la concurrence.
L'ouverture technologique peut également être lue comme une condition préalable à la réalisation des objectifs de durabilité. Seulement, la table ronde sur ce thème a montré qu'il fallait d'abord dissiper de nombreuses peurs diffuses, par exemple à propos de l'intelligence artificielle. "Le défi n'est pas technologique, mais sociétal", a déclaré le professeur Matthias Sulzer, scientifique en chef de l'Urban Energy System Lab de l'Empa. Mais les données sont nécessaires pour mesurer l'impact des mesures ESG, a souligné Christian Keller, président de la direction d'IBM Suisse.
Beaucoup de concret au SGES 2023
En dehors des discussions de principe menées ou à mener, le SGES 2023 a de nouveau donné de nombreux exemples de la manière dont l'économie durable fonctionne concrètement. Ainsi, des solutions en bioplastique (Kuori) ou un concept d'économie circulaire pour les poussettes (loopi) ont été présentés lors de l'exposition. Et cette année encore, le SDG-Award a été décerné aux entreprises. Avec le SDG-Award, le Swiss Green Economy Symposium récompense des solutions et des projets qui ouvrent la voie à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable des Nations Unies. Ce prix a pour but d'inspirer les acteurs à s'engager courageusement et de promouvoir des projets innovants ayant valeur d'exemple. Cette année, c'est l'entreprise de design zurichoise Circleg qui a été récompensée. Circleg a mis au point un système de prothèse de jambe peu coûteux, adapté aux besoins des personnes vivant dans les pays en développement. En effet, sur les 65 millions de personnes amputées des jambes dans le monde, la plupart vivent dans les pays du Sud. 55 millions n'ont pas de prothèses parce qu'elles sont trop chères. Grâce à l'utilisation de déchets plastiques recyclés combinée à une production sur place dans les pays du Sud, les prothèses de jambes peuvent être fabriquées localement et à moindre coût grâce à Circleg. L'entreprise combine ainsi des objectifs sociaux, économiques et écologiques : Intégration des personnes handicapées dans la société, création d'emplois, préservation de l'environnement grâce à l'utilisation de déchets plastiques comme matière première de base.
De nombreuses questions en suspens
L'"économie verte" est incontestablement entrée dans les mœurs. Pourtant, de nombreuses questions restent sans réponse, comme l'a montré le SGES 2023 : comment rendre l'alimentation plus durable alors que, paradoxalement, les produits alimentaires qui ne sont pas (encore) produits de manière durable sont moins chers ? Ou encore : comment fonctionnent les instruments de financement durable et quels sont les placements durables qui permettent d'obtenir des rendements sans devoir recourir à des produits financiers structurés peu transparents ? Et que peuvent faire les PME pour atteindre les objectifs climatiques ? C'est du moins à ces questions que peut répondre l'initiative lancée l'an dernier par la Commission européenne. Swiss Climate Action Initiative (SCAI)une plate-forme commune de grandes entreprises, de PME et d'autres organisations. La communauté veut notamment accompagner et encourager les PME dans leurs premiers pas vers la réduction de CO2. Le dialogue et l'exploitation des synergies entre les participants doivent permettre de créer des projets propres à l'entreprise ou communs qui aideront à atteindre les objectifs de réduction de CO2. On peut certainement souhaiter à cette plateforme - qui est également un exemple d'"efficacité collective" - un peu plus d'écho.