Encore plus fréquentes et plus violentes : fortes précipitations et vagues de chaleur

Il faut s'attendre à l'avenir à de plus en plus d'événements météorologiques extrêmes, comme ceux qui ont récemment frappé la Suisse et l'Allemagne ou qui touchent actuellement le sud de l'Europe. C'est ce qui ressort du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Grâce à davantage de données, à une meilleure compréhension des processus physiques et à des modèles améliorés, la certitude de nombreuses affirmations a nettement augmenté par rapport au dernier rapport de 2013.

GIEC
© zVg

Le 9 août, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a présenté au public la première partie de sa dernière analyse complète du climat mondial. Une équipe de 234 experts de 66 pays - dont cinq suisses - y a dressé l'état des connaissances sur les bases scientifiques.

Les gaz à effet de serre et les températures continuent d'augmenter

Depuis le dernier rapport d'évaluation de 2013, les gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont continué à augmenter. Entre 2013 et 2019, les concentrations moyennes de CO2 ont augmenté de près de 5 %, celles de méthane de 3,5 % et celles de protoxyde d'azote (N2O) de 2,5 %. "Le rapport montre qu'en 2019, la concentration atmosphérique de CO2 était 47% plus élevée qu'au début de l'ère industrielle et globalement plus élevée que jamais auparavant au cours des 2 derniers millions d'années", explique Gian Kasper Plattner de l'Institut fédéral de recherche WSL et auteur principal du rapport du GIEC.

Selon les données, la température à la surface du globe entre 2011 et 2020 a été en moyenne supérieure d'environ 1,1 degré Celsius à celle de l'époque préindustrielle (1850 à 1900). La fréquence et l'intensité des vagues de chaleur et des précipitations extrêmes ont augmenté depuis 1950. Selon le GIEC, la cause principale de ces évolutions est le changement climatique provoqué par l'homme. "Pour certaines des vagues de chaleur récemment observées, il est extrêmement improbable qu'elles se seraient produites de la même manière sans l'influence de l'homme", explique Sonia Seneviratne, professeur à l'EPF de Zurich et auteur principal coordinateur du chapitre sur les changements dans les extrêmes météorologiques et climatiques.

Un réchauffement inférieur à 1,5 degré Celsius est difficilement atteignable

D'ici le milieu du siècle, la température globale continuera à augmenter. L'ampleur de cette hausse dépendra de la poursuite des émissions. "Ce n'est que si les émissions de dioxyde de carbone diminuent fortement dès les prochaines années et atteignent zéro net d'ici le milieu du siècle que le réchauffement global pourra être limité avec une probabilité de plus de 50 pour cent à moins de 1,6 degré Celsius et très probablement à moins de 2 degrés", explique Erich Fischer de l'EPF de Zurich et auteur principal du rapport du GIEC.

Dans le scénario d'émissions le plus pessimiste envisagé dans le rapport, la température augmenterait en revanche d'environ 4,5 degrés, voire jusqu'à 5,7 degrés dans les cas extrêmes, précise le rapport. Même avec un réchauffement de seulement 1,5 degré, les fortes précipitations ou les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes dans la plupart des régions et atteignent une intensité sans précédent. Chaque demi-degré supplémentaire augmente la fréquence et l'intensité des chaleurs extrêmes, des fortes précipitations et des sécheresses agricoles et écologiques. L'augmentation du réchauffement global entraînerait également la poursuite de la fonte de la glace de mer arctique, des glaciers et du permafrost, la diminution de la couverture neigeuse et l'augmentation du niveau des mers.

Davantage de phénomènes météorologiques extrêmes probables en Suisse

Le rapport du GIEC souligne que les masses terrestres se réchauffent en principe plus fortement que la moyenne mondiale et que l'apparition de phénomènes météorologiques extrêmes varie selon les régions. La Suisse est également concernée par ce phénomène. "Les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les sécheresses agricoles et écologiques se multiplieront et s'intensifieront en Europe centrale occidentale, et donc aussi en Suisse, à mesure que le réchauffement global s'accentuera", explique Seneviratne.

Des changements irréversibles dès aujourd'hui

Selon les scientifiques du GIEC, il est indispensable de réduire les émissions de CO2 à zéro et de diminuer fortement d'autres gaz à effet de serre afin de limiter au maximum le changement climatique. Il s'agit par exemple de réduire rapidement et fortement les émissions de méthane. Plus la réduction sera rapide, plus le réchauffement et ses conséquences pourront être minimisés. "Certains changements, comme l'élévation du niveau de la mer ou la fonte des calottes glaciaires, sont d'ores et déjà irréversibles pour des centaines ou des milliers d'années", explique Plattner. Selon le rapport du GIEC, le recul des glaciers se poursuivra également pendant des décennies, même si la température globale se stabilise. En ce qui concerne l'évaluation des risques et la planification des mesures d'adaptation, il faut tenir compte du fait que les fluctuations naturelles du système climatique peuvent atténuer ou accélérer les conséquences du changement climatique à court terme, c'est-à-dire jusqu'à une ou deux décennies, au niveau régional. "Mais à plus long terme, ces fluctuations ne peuvent pas compenser un réchauffement", explique Fischer.

Source : SCNAT

Autres informations du GIEC par :

 

(Visité 29 fois, 1 visites aujourd'hui)

Plus d'articles sur le sujet