Légionellose : l'EAWAG lance un projet de lutte contre les légionelles dans les bâtiments
Les cas de légionellose se multiplient en Suisse : l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a enregistré 582 cas de pneumonie grave l'an dernier. En 2013, ils étaient encore deux fois moins nombreux. Malgré un traitement antibiotique, la maladie entraîne la mort chez cinq à dix pour cent des personnes touchées.
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Les bactéries à l'origine de la maladie dite du légionnaire s'appellent les légionelles. Elles se trouvent notamment dans l'eau. L'inhalation de gouttelettes d'eau finement pulvérisées et contaminées est dangereuse. Cela peut se produire partout où de telles gouttelettes sont produites : dans les stations de lavage de voitures, les systèmes de refroidissement des climatiseurs ou les tours de refroidissement industrielles. Toutefois, dans certaines circonstances, les légionelles peuvent également se former dans l'eau potable.
Les fontaines, les bains de vapeur et les douches deviennent ainsi une source potentielle d'infection.
Agents pathogènes dans les bâtiments
Mais comment les agents pathogènes parviennent-ils en fait dans les installations des bâtiments ? Dans les stations centrales de traitement de l'eau potable qui approvisionnent les communes et les villes, la plupart des bactéries et des nutriments sont éliminés de l'eau. La concentration reste également faible dans le réseau de distribution, c'est-à-dire les canalisations qui amènent l'eau potable aux bâtiments. "Mais c'est là que cela devient problématique", explique Frederik Hammes du département de microbiologie environnementale de l'Institut de recherche sur l'eau Eawag. En effet, dans les bâtiments, l'eau est chauffée et des légionelles peuvent ainsi se former dans les conduites d'eau chaude des installations domestiques. Les agents pathogènes se développent de manière optimale lorsque la température de l'eau est comprise entre 35 et 40 degrés Celsius. Certes, les légionelles peuvent être éliminées en chauffant l'eau chaude à 60 degrés Celsius. Mais cette température n'est que rarement atteinte, par exemple au niveau de la douchette.
De plus, pour économiser de l'énergie, les chauffe-eau de nombreux bâtiments restent en dessous de 60 degrés. Mais les légionelles peuvent également se multiplier dans les conduites d'eau froide si l'eau est régulièrement chauffée à des températures plus élevées. D'autres facteurs, tels que l'apport de nutriments via les matériaux utilisés et un renouvellement irrégulier ou inexistant de l'eau, sont également connus pour favoriser la multiplication. De nombreuses questions restent toutefois sans réponse : par exemple, comment la présence de légionelles et l'infection humaine sont-elles exactement liées ou comment peut-on analyser le plus efficacement possible les conduites d'eau potable pour détecter les légionelles.
C'est pourquoi l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) et l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) soutiennent désormais à hauteur de 2,5 millions de francs le projet multidisciplinaire de quatre ans "Lutte contre les légionelles dans les bâtiments" ("Legionella control in buildings" - LeCo), dirigé par l'Eawag. Outre le groupe de recherche en microbiologie de l'eau potable de Frederik Hammes, la Haute école de Lucerne (HSLU), l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH), le Laboratoire cantonal de Zurich (KLZH) ainsi que le groupe de recherche de l'Eawag "Agents pathogènes et santé humaine" dirigé par Tim Julian y participent.
Julian, en collaboration avec le Swiss TPH, veut savoir combien de légionelles dans l'eau des douches entraînent combien de cas de maladie. Concrètement, les chercheurs veulent calculer, à l'aide d'un modèle mathématique, la probabilité d'une infection à différentes concentrations de légionelles.
Un autre point fort du projet est l'amélioration de l'échantillonnage. En effet, depuis 2017, une ordonnance est entrée en vigueur selon laquelle les douches accessibles au public ne doivent pas contenir plus de 1000 légionelles par litre d'eau. Mais la composition des bactéries dans une installation d'eau potable varie et rend l'échantillonnage complexe. "Pour augmenter la pertinence et la comparabilité des échantillons, nous devons optimiser et standardiser le prélèvement", explique Franziska Rölli de l'Institut de technique du bâtiment et d'énergie de la HSLU.
"La sensibilisation et l'information jouent également un rôle important". En effet, les spécialistes de l'architecture, de la planification technique, de l'installation sanitaire et de l'exploitation des bâtiments ne sont souvent pas suffisamment familiarisés avec la thématique des légionelles. C'est pourquoi, outre les activités de recherche, le consortium du projet attache une grande importance à la transmission des connaissances nouvellement acquises, par exemple dans le cadre d'ateliers ou de séminaires.
Une équipe de recherche multidisciplinaire dirigée par l'Eawag étudie maintenant comment endiguer le danger que représentent ces bactéries dans le cadre du projet "Lutte contre les légionelles dans les bâtiments" (LeCo) qui vient d'être lancé. Ce projet, qui durera quatre ans, a été commandé par la Confédération.
Plus d'informations sur www.eawag.ch et sous www.eawag.ch/leco