Pollution de l'environnement Poussières fines

Les valeurs limites actuelles pour les poussières fines dans l'air s'orientent sur la masse et la taille des particules. Si la masse des poussières est importante pour la santé, leur composition l'est tout autant. Des chercheurs de l'Empa ont analysé le potentiel de nocivité des poussières fines en Suisse et en Chine.

Les particules nocives en suspension, comme par exemple les métaux tels que le cadmium et l'arsenic ou les particules de suie, ne sont pas seulement présentes en Chine. (Image : Unsplash)

Si vous êtes soudainement secoué par une quinte de toux incontrôlable lors d'une journée maussade, il se peut que vous souffriez des conséquences d'une trop forte pollution de l'air par les particules fines. Ces minuscules particules peuvent être à l'origine de problèmes respiratoires, de maladies circulatoires, voire de cancers du poumon. Les particules en suspension d'origine humaine contiennent par exemple de la suie, des métaux et des nanoparticules synthétiques. Afin de contrôler plus strictement la qualité de l'air, la Suisse applique depuis le 1er juin 2018 la directive sur la qualité de l'air. nouvelle ordonnance sur la protection de l'air (OPair) plus sévère.

Celle-ci fixe, en plus des PM10, une deuxième valeur limite, PM2.5, pour les particules en suspension encore plus fines. Ces deux valeurs se basent sur la masse des particules jusqu'à une certaine limite de taille, soit 10 et 2,5 micromètres de diamètre. Dans une étude récente, des chercheurs de l'Empa ont montré que d'autres valeurs permettent de tirer des conclusions importantes sur le potentiel de nocivité des poussières fines.

Échantillons d'air en provenance de Chine et de Suisse

Jing Wang et son équipe de Laboratoire "Technologies analytiques avancées" de l'Empa ont analysé des échantillons d'air provenant de Suisse et de Chine. Comme on pouvait s'y attendre, la qualité de l'air de la métropole de Pékin s'est avérée moins bonne que celle des échantillons suisses. Grâce à leurs analyses détaillées, les chercheurs ont toutefois aussi découvert que la composition des poussières fines était très différente. "Si l'on considère par exemple ce que l'on appelle le potentiel oxydatif des poussières fines, l'effet de charges en particules comparables était plus important dans certains échantillons suisses et donc plus lourd de conséquences qu'en Chine", explique Wang. Le potentiel oxydatif est l'une des mesures de l'effet nocif des poussières fines, car les substances agressives déclenchent dans le corps un stress oxydatif et des réactions des défenses immunitaires.

Les métaux comme le cadmium et l'arsenic ou les particules de suie sont par exemple impliqués dans ces propriétés nocives des particules en suspension. En Chine, de grandes quantités de particules ultrafines d'arsenic indiquaient un risque sanitaire dans l'air. En revanche, des échantillons prélevés dans la banlieue zurichoise de Dübendorf contenaient un nombre remarquablement élevé de particules de fer de l'ordre de 10 micromètres. "Les particules de fer proviennent de l'abrasion de la voie ferrée toute proche", explique le chercheur. Avec le cuivre et le manganèse, la poussière de fer présente dans l'échantillon d'air de Dübendorf a contribué au potentiel d'oxydation des échantillons.

Une autre valeur suisse a attiré l'attention des chercheurs de l'Empa : L'échantillon d'air d'une ferme suisse a par exemple obtenu de moins bons résultats que celui d'une rue animée au centre de Pékin, du moins en ce qui concerne la charge de certains produits bactériens. Il est bien connu que de telles endotoxines sont présentes en grand nombre dans l'air à proximité des vaches et autres animaux. Mais les particules biologiques en suspension peuvent présenter un risque pour la santé, surtout pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Les particules ultrafines en suspension dans l'air provenant de la ferme étaient particulièrement chargées d'endotoxines bactériennes.

"L'impact des particules en suspension sur la qualité de l'air et la santé ne peut pas être évalué uniquement sur la base de la masse de particules inhalables", explique l'analyste. "Mais si l'on connaît la composition des poussières fines, il est possible de mettre en œuvre une protection de la santé adaptée à la région". Dans le cas contraire, on court le risque de sous-estimer la pollution régionale par les particules fines ou de prendre des mesures qui ne permettent pas de réduire les risques pour la santé. Jing Wang et son équipe élaborent maintenant d'autres bases pour des analyses plus complètes des poussières fines. L'objectif est de pouvoir identifier plus facilement les composants dangereux et de prévenir les risques pour la santé grâce à des stratégies optimisées.

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