Cours d'eau suisses : un grand besoin d'agir

L'état biologique des cours d'eau suisses est en partie insuffisant. C'est ce que montrent les premiers résultats de l'Observation nationale des eaux de surface de l'OFEV. Alors que la pollution par le phosphore et les nitrates a diminué, celle par les micropolluants est en augmentation.

Les petits cours d'eau représentent 75% du réseau hydrographique et sont importants pour la biodiversité. (Photo : OFEV NAWU)
Les petits cours d'eau représentent 75% du réseau hydrographique et sont importants pour la biodiversité. (Photo : OFEV NAWU)

Les premiers Résultats de l'observation nationale des eaux de surface (NAWU) donnent une image contrastée de l'état des cours d'eau : la pollution par le phosphore et les nitrates a diminué, mais celle par les micropolluants augmente, et l'état biologique présente parfois des déficits importants. Selon Marc Chardonnens, directeur de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), ces résultats confirment qu'il y a un grand besoin d'agir en vue de restaurer et de préserver la qualité des eaux.

NAWA est le programme de monitoring pour l'analyse globale de l'état des eaux, mené conjointement par la Confédération et les cantons. Ces analyses biologiques et physico-chimiques fournissent pour la première fois une vue d'ensemble.

Moins de phosphore et de nitrate

Grâce à la construction de stations d'épuration des eaux usées, la qualité de l'eau s'est considérablement améliorée depuis les années 1980. Beaucoup moins de nitrates et surtout de phosphore sont rejetés dans les eaux. La pollution des cours d'eau de petite et moyenne taille, dans lesquels sont déversées de grandes quantités d'eaux usées épurées ou qui reçoivent de nombreux éléments nutritifs provenant de l'agriculture, est encore trop élevée. Des concentrations trop élevées de nutriments peuvent entraîner l'asphyxie des rivières et des lacs.

Plus de 230 micropolluants détectés

Les micropolluants constituent un problème pour la qualité de l'eau. En 2012, une étude systématique menée sur cinq cours d'eau de taille moyenne représentatifs du Plateau suisse a révélé la présence de plus de 230 micropolluants différents. Les concentrations parfois élevées mesurées ne sont pas dangereuses pour l'homme. Elles indiquent toutefois une part de responsabilité dans les déficits de biodiversité constatés dans les cours d'eau.

Déficits de l'état biologique

Pour mesurer la qualité des cours d'eau en tant qu'habitats, quatre catégories d'organismes vivants ont été examinées. Sur la base de la composition et de la densité des invertébrés et des plantes aquatiques, l'état biologique a été jugé bon à très bon sur deux tiers des sites de mesure. La qualité de l'écosystème aquatique est donc fortement dégradée dans au moins 30 % des sites de mesure considérés. Pour les poissons, qui ont des exigences plus élevées en matière de qualité de l'habitat, les résultats sont encore pires : la qualité de l'eau n'était bonne à très bonne que dans un tiers des sites de mesure, et deux tiers étaient dégradés.

Ces résultats confirment la nécessité d'agir pour améliorer à la fois l'état des cours d'eau et leur résistance, notamment face au changement climatique et à ses conséquences négatives sur les écosystèmes aquatiques.

Proportion de stations de mesure présentant une qualité des eaux bonne à très bonne (graphique : OFEV)
Proportion de stations de mesure présentant une qualité des eaux bonne à très bonne (graphique : OFEV)

Des travaux d'envergure dans les décennies à venir

Ce n'est que lorsqu'ils sont en bon état que les cours d'eau peuvent remplir toutes leurs fonctions, qu'il s'agisse de fournir de l'eau potable, d'offrir des espaces de détente à la population ou de servir d'habitats aux plantes et aux animaux. Une attention particulière doit être accordée aux petits cours d'eau. Ils représentent 75% du réseau hydrographique et sont importants pour la biodiversité.

D'importants travaux de réduction des micropolluants et de renaturation des eaux ont déjà été entrepris. Pour réduire les micropolluants, le Parlement a donné son feu vert à la mise à niveau de stations d'épuration ciblées. Elles doivent être équipées d'une étape de traitement supplémentaire pour l'élimination des composés traces dans les eaux usées. Pour prévenir les micropolluants issus de l'agriculture, des mesures doivent être prises à la source. Un plan d'action pour la réduction des risques et l'utilisation durable des produits phytosanitaires est actuellement en cours d'élaboration sous la direction de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG). Il a été mis en consultation le 5 juillet 2016.

Parallèlement à la réduction des apports de polluants, les cours d'eau doivent en outre devenir plus naturels. Selon la loi sur la protection des eaux, les cantons doivent revitaliser, avec le soutien de la Confédération, 4000 des 15 000 kilomètres de cours d'eau qui présentent un mauvais état d'ici la fin du siècle. En outre, les conséquences négatives de l'exploitation hydroélectrique (par exemple les obstacles à la migration des poissons ou les variations artificielles du débit) doivent être éliminées d'ici 2030. D'autres mesures, comme la délimitation d'espaces pour les cours d'eau, sont déjà en cours.

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