Rétrospective du Forum suisse de l'éducation : "Chacun se forme soi-même

Lors du 6e Forum suisse de la formation de la Haute école spécialisée de Saint-Gall, les experts ont discuté de la formation continue, de ses pièges et de ses opportunités. Ils ont été unanimes : une formation continue est plus qu'une qualification, elle forme la personnalité.

Différents points de vue au Forum suisse de la formation : Martin Bircher, directeur des RH, Reto Eugster, directeur du centre de formation continue WBZ-FHS, Sabine Bianchi, modératrice, Florian Reiser, entrepreneur à succès sans formation continue, Beatus Zumstein, futur quadruple diplômé de master. (Photo : PD)

Les personnes qui souhaitent se perfectionner n'ont que l'embarras du choix. En effet, les hautes écoles suisses proposent actuellement 317 masters, 128 diplômes et 543 certificats aux personnes avides de connaissances. Cela n'est guère étonnant, car la formation continue est le sujet de la plupart des entretiens avec les collaborateurs. Elle est considérée comme un investissement rentable dans son propre avenir, comme la mesure de toute chose pour rester compétitif dans le monde du travail. Mais est-ce vraiment le cas ? La Haute école spécialisée de Saint-Gall (FHS) s'est posé cette question comme garde-fou lors du 6e Forum suisse de la formation du 30 mars et est même allée un peu plus loin : "La formation continue est-elle une tâche qui dure toute la vie ou ne sommes-nous peut-être que des prisonniers à vie dans la jungle sans cesse croissante et inextricable des offres" ?

Une formation continue nécessite des ressources internes

Le professeur José Gomez, directeur du Centre pour la formation supérieure ZHB-FHS, a tout de suite précisé dans son exposé : "La formation signifie bien plus que l'apprentissage, et aussi plus qu'une qualification". Selon lui, la formation doit être comprise comme une auto-formation, une sorte de formation de la personnalité et la capacité à s'autodéterminer. La formation continue vise à acquérir des connaissances, à assurer le transfert dans la pratique, mais elle exige aussi du temps et de l'argent. C'est pourquoi elle devrait pouvoir être organisée de manière flexible. "Malgré les éléments précieux que fournit une formation continue, elle ne garantit pas le succès", ajoute-t-il. Les ressources internes telles que l'intérêt, la motivation, la persévérance et la volonté de vouloir faire encore mieux sont tout aussi importantes. "L'homme n'est pas formé, il se forme lui-même".

"Apprentissage par la pratique"

Florian Reiser, entrepreneur à succès et copropriétaire de la Focacceria à Saint-Gall, est un bon exemple d'auto-formation. Autrefois, il avait appris le métier d'infirmier psychiatrique. Mais il a voyagé dans le monde entier et fait ce qu'il avait envie de faire. Par exemple, professeur de snowboard, pédagogue de l'aventure ou autre chose d'actif. Ce faisant, il trouvait toujours de nouvelles idées. Il n'a pas suivi de formation continue au sens classique du terme. Sa devise est plutôt : "Learning by doing". "J'ai toujours aimé les raccourcis et il en va de même pour la formation continue. Je puise mes connaissances un peu partout". Il lui arrive ainsi de faire un grand voyage pour trouver la meilleure recette de raviolis. Ce n'est pas le cas de Beatus Zumstein : il a déjà trois diplômes de master en poche, et pour le quatrième, il ne lui reste plus qu'à rédiger son mémoire de fin d'études. C'est le défi permanent qui l'attire. Cela a marqué son travail d'équipe et son orientation dans la société. Mais cela a aussi ses inconvénients : "J'ai aussi vécu le fait d'être considéré comme surqualifié ou d'avoir le sentiment d'être un théoricien".

La formation continue comme "pilule anti-âge

A cela s'ajoute l'âge : l'animatrice Sabine Bianchi a cité des chiffres tirés des statistiques fédérales, selon lesquels les personnes de plus de 40 ans se forment moins. Reto Eugster, directeur du centre de formation continue WBZ-FHS, confirme ces chiffres. A la FHS de Saint-Gall aussi, la part des personnes âgées est plutôt faible, sauf dans le domaine de la santé où elle est un peu plus élevée. Martin Bircher, directeur et responsable RH de Movis AG, l'explique par la situation de vie : vers 40-50 ans, on est pleinement engagé dans son travail, on s'occupe de sa famille, il ne reste donc guère de temps pour les études. "Chez nous, la formation continue est en tout cas très appréciée. C'est un bon guide pour savoir ce que l'on fait bien et ce que l'on fait mal. Elle constitue un transfert de connaissances idéal dans la pratique", déclare Bircher. L'entrepreneur Reiser voit les choses de manière pragmatique : "Quel que soit l'âge, il faut simplement s'accrocher". Les hautes écoles sont toutefois mises au défi. Selon Eugster, la tendance va davantage vers des formations internes à l'entreprise afin de réduire les absences. Les exigences individuelles des étudiants sont également plus élevées aujourd'hui, avec la question de savoir combien de temps on peut ou on veut investir. Mais au final, il s'agit d'allumer la flamme et d'éveiller la curiosité.

Le Forum suisse de la formation de la FHS de Saint-Gall l'a montré : La formation continue est plus qu'une simple théorie ou un diplôme de fin d'études que l'on brandit sous le nez de l'employeur. On acquiert en plus des compétences sociales, des capacités à gérer les conflits et un esprit d'équipe. "Nous avons chaque jour la possibilité d'apprendre quelque chose. Par d'innombrables voies. Que ce soit pour la vie ou pour la vie entière, c'est à chacun de décider", déclare Sebastian Wörwag, recteur de la FHS de Saint-Gall.

Plus d'informations sur le Forum suisse de l'éducation (exposé du Prof. Dr Gomez) : www.fhsg.ch/bildungsforum

 

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