Quand les lionnes et les lions se battent pour une start-up

Le 18 octobre 2022, six startups ont à nouveau tenté de convaincre le panel d'investisseurs composé de Bettina Hein, Anja Graf, Tobias Reichmuth, Roland Brack, Jürg Schwarzenbach, Patrick Mollet et Lukas Speiser. La troisième émission de la quatrième saison a réservé des surprises à la fin.

Ont été responsables de l'accord de la soirée avec pas moins de quatre des lions : Christian Kaeser et Linus Lingg avec leur bouteille d'eau gazeuse à emporter. (Image : Filip Stropek / CH Media)

La troisième émission de la saison actuelle de "Die Höhle der Löwen Schweiz" a débuté avec Leonardo Reinhard et Sven Affeltranger de Küsnacht, dans le canton de Zurich, et leur application événementielle "InClub". Barbecue, soirée de jeu ou journée de ski : l'application "InClub" permet d'organiser et de trouver des événements privés. Les utilisateurs se rencontrent dans la vie réelle. Les fondateurs veulent ainsi lutter contre la solitude souvent citée de la génération Z. Selon les deux fondateurs, 60 pour cent de cette génération se sentent seuls au moins une fois par semaine. Malgré les nombreux likes et followers sur les canaux de médias sociaux actuels, ce problème s'accentue même. Avec leur application d'expériences - "le Airbnb des expériences" - les deux compères ont déjà conquis à plusieurs reprises la première place du classement des App Store. 15 000 utilisateurs, 450 expériences, le soutien de Swisscom et d'Oracle et une équipe très motivée derrière les deux fondateurs devraient permettre à l'application de poursuivre son succès. Pour clore le tour de financement en cours, Leonardo et Sven souhaitent convaincre les lions d'investir 155 000 francs contre cinq pour cent de parts de l'entreprise. S'ensuivirent tout d'abord les questions habituelles sur le chiffre d'affaires et le positionnement. Comment peut-on par exemple commercialiser "traîner" ? Les deux hommes ne se sont pas lassés de souligner l'originalité et la focalisation sur le jeune groupe cible à partir de 14/15 ans. Bettina Hein a tout de suite pris les devants et a proposé l'investissement souhaité, Roland Brack a également offert 155'000, Tobias Reichmuth s'est montré convaincu et a fait la même offre. Les deux hommes ont également enthousiasmé Lukas Speiser par leur énergie. Ils ont alors eu l'embarras du choix et ont opté pour Bettina Hein et Lukas Speiser. Les jeunes entrepreneurs sont ainsi repartis du studio avec le double de ce qu'ils visaient.

Beaucoup de bonne volonté, mais toujours pas d'accord

Marcel Roesch, de Thoune, a lancé "help2type", une aide à la frappe pour les malvoyants. Sa start-up permet aux personnes aveugles et malvoyantes de taper sur leur smartphone. Le fondateur Marcel Roesch est lui-même presque aveugle. Il a développé un clavier tactile qui peut être fixé à n'importe quel smartphone. La connexion se fait par Bluetooth et fonctionne aussi bien pour iOS que pour Android. Le produit semble très prometteur. Son objectif : trouver un partenaire stratégique dans la "grotte des lions" : 20 pour cent pour 280 000 francs, telle était la présentation de Marcel Roesch. Et le potentiel qu'il a expliqué dans son pitch semble important : rien qu'en Suisse, il y aurait 300'000 personnes concernées. Avec un prix de vente de 200 francs, cela représenterait un volume de 60 millions de francs. Marcel Roesch a chiffré le prix de revient à un peu plus de 70 francs. Comme souvent, c'est Tobias Reichmuth qui s'est penché sur ces beaux chiffres. Ce qui l'a quelque peu frappé, c'est le nombre relativement faible d'appareils vendus au cours des deux dernières années. Le prix élevé a également suscité des interrogations. Ou bien le besoin n'est-il pas si élevé au sein du groupe cible ? Lukas Speiser a certes loué le produit, mais il ne le considère pas comme un cas d'investissement. Tobias Reichmuth a fait de même. Anja Graf a déclaré qu'elle achèterait certes le produit, mais que les proportions financières ne lui semblaient pas non plus adaptées à un investissement. Jürg Schwarzenbach s'est tout de même mis à disposition pour faire un état des lieux avec le fondateur. Mais il n'y a pas eu d'investissement de sa part, pas plus que de la part de Roland Brack. Conclusion : de nombreuses paroles élogieuses, mais le cœur de l'un ou l'autre investisseur a saigné à l'idée de devoir dire non, parce que les chiffres de vente n'étaient pas convaincants.

Une idée tendance qui plaît aux lions et aux louves

Sarah von Aesch et Raphaell Schär de Brugg (AG) ont ensuite présenté le jardin en ligne "MyFeld". Voici comment cela fonctionne : La start-up vend chaque saison des surfaces de jardinage sur lesquelles les clients déterminent en ligne ce qui doit être planté. Les légumes leur sont ensuite livrés à domicile - y compris les carottes courbées et pas seulement les carottes droites. Le groupe cible : tous ceux qui aiment manger des légumes cultivés par leurs soins, mais qui ne disposent pas de leur propre jardin. Enfin, "MyFeld" souhaite contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire. Leur besoin en capital, auquel ils ont été confrontés avec la lionne et le lion : 375'000 pour cinq pour cent de parts de l'entreprise. Ils souhaitent ainsi atteindre 1 pour cent de part de marché sur l'ensemble du marché des légumes en Suisse.

Un business case sympathique : MyFeld, avec Sarah von Aesch et Raphaell Schär, a rencontré un écho positif auprès des lionnes et des lionnes. (Image : Filip Stropek / CH Media)

Pour leur concept, les deux hommes ont récolté les louanges des lions. Depuis 2020, l'année de la création, un chiffre d'affaires de 120 000 francs a été réalisé (saison 2021). Puis les questions critiques des investisseurs : Jürg Schwarzenbach, par exemple, s'est interrogé sur la valorisation élevée. L'évolution du chiffre d'affaires a également suscité quelques froncements de sourcils. Anja Graf a douté de la scalabilité et s'est retirée. Lukas Speiser a fait de même et a également renoncé à un investissement. Tobias Reichmuth a en revanche fait une offre : 375'000, mais contre une participation de 10 pour cent. Roland Brack et Jürg Schwarzenbach étaient également prêts à faire la même offre. Sarah et Raphaell préféraient toutefois que Roland Brack soit associé à Tobias Reichmuth. Jürg Schwarzenbach s'est alors retiré et a laissé la place aux deux autres lions. C'est ainsi qu'un accord a été conclu.

Et encore un "malheureusement non"

"SavaSano Natur Pur" - derrière cette ligne de cosmétiques naturels se cache Sandro Savastano de Zoug. Le jeune entrepreneur fabrique des cosmétiques naturels et des huiles naturelles de haute qualité : à partir d'ingrédients biologiques, à la main, sans eau ni conservateurs. Le fondateur veut à l'avenir produire sans électricité, obtenir une autorisation de mise sur le marché de médicaments - et devenir une licorne des affaires. Pour cela, Sandro, qui a interrompu ses études de pharmacie au profit de son idée d'entreprise, souhaite un investissement de 250 000 francs contre dix pour cent de parts de l'entreprise. Les lions ont alors immédiatement fait l'essai : comment les produits se sentent-ils sur la peau ? Mais les investisseurs étaient bien plus intéressés par la structure des coûts. Et celle-ci était très intéressante : les coûts de fabrication se situent entre 33 et 56 francs, la fourchette de prix entre le produit le moins cher et le plus cher se situe entre 88 et 216 francs. Compte tenu de la taille - ou devrait-on plutôt parler de "petitesse" - des petites boîtes présentées, il s'agit tout de même de sommes assez importantes, comme ont dû le constater les louves et les lions. Interrogé sur l'avenir et l'utilisation précise de l'investissement, les réponses de Sandro semblaient tout de même un peu vagues. Et puis, la vision d'une licorne des affaires ? Jürg Schwarzenbach a recommandé de s'occuper d'abord de trouver une équipe adéquate. Malgré les éloges sur la qualité supérieure des produits, personne n'était finalement prêt à investir. D'autant plus que l'entreprise proprement dite n'avait été créée que récemment par Sandro Savastano. Le moment et la difficulté de mise à l'échelle se sont révélés trop "hostiles à l'investissement".

Le bon goût

Houmous suisse de fabas : derrière ce nom se cachent Anik Thaler et Tobias Vogel de Dietikon (ZH). "Radicalement local", telle est la devise de la start-up qui produit du houmous à partir de légumineuses suisses. Le duo de fondateurs connaît personnellement tous les agriculteurs et estime que "the grow must go on". 100'000 francs contre dix pour cent de parts de l'entreprise : C'est avec ce capital que les deux compères se sont lancés dans l'aventure de la grotte des lions. Avec cet investissement, ils souhaitent faire connaître la marque et le produit en Suisse. Pendant la dégustation, les lions se sont montrés surpris par le goût de l'houmous. Mais ensuite, il a de nouveau été question de chiffres. Anja Graf a posé une question sur le pricing. Il s'est avéré que les marges étaient encore un peu basses. Anik et Tobias ont indiqué que le chiffre d'affaires s'élevait à 75 000 francs, avec une tendance à la hausse depuis qu'Alnatura, entre autres, a intégré le produit dans son assortiment. Mais pour pouvoir refinancer toute l'équipe et les frais généraux, il faudrait un chiffre d'affaires de 800'000 francs à 1 million.

S'en est suivi le tour d'évaluation : Lukas Speiser a vu des problèmes d'évolutivité et a constaté que le produit se limitait avant tout à une niche. Il a donc décidé de se retirer. Patrick Mollet trouve certes le produit formidable, mais ne voulait pas investir. Roland Brack a également quitté le projet par manque d'expertise dans le secteur alimentaire. Anja Graf, quant à elle, s'est montrée très enthousiaste et a offert les 100 000 francs demandés. Jürg Schwarzenbach aurait également été prêt à faire une offre. C'est ainsi qu'un accord a été conclu entre la lionne Anja Graf et les jeunes entrepreneurs.

Save the best for last : Quand les lionnes et les lions se battent presque pour un investissement

"Re-Zen", telle est la marque de la bouteille d'eau gazeuse portable de Christian Kaeser et Linus Lingg d'Aarau (AG). Ces anciens étudiants de l'ETH ont développé une bouteille qui permet de produire sa propre eau gazeuse en déplacement - sans PET ni plastique jetable. Sûrs d'eux, ils sont entrés dans l'antre des lions avec une évaluation - élevée, de leur propre aveu - de 100 000 francs contre une part de l'entreprise de 1,6 pour cent. Le front de Roland Brack se plissait déjà... Le produit a littéralement tout pour plaire : une bouteille avec des modules ou des adaptateurs pour l'effervescence, le goût ou encore la purification de l'eau a été présentée aux lions. Mais Monsieur ou Madame Suisse veulent-ils aussi boire de l'eau gazeuse en route ? Au début, les lionnes et les lions étaient sceptiques. Mais Tobias Reichmuth a dû reconnaître que le pricing était tout de même très attractif par rapport à l'eau gazeuse du commerce. En effet, 15 centimes pour 3 ou 5 dl, c'est plutôt avantageux, comme l'ont calculé Christian et Linus. Autre astuce : pour produire de l'eau gazeuse, les deux compères utilisent des capsules de CO2 disponibles dans le commerce, par exemple de Sodastream. Mais le prix d'une bouteille s'élève tout de même à 100 francs. Tobias Reichmuth a toutefois loué la qualité supérieure. "Une idée brillante", a-t-il déclaré. Vient ensuite la question de la note élevée. Celle-ci se base sur le potentiel et les revenus attendus. "C'est ce que nous entendons toujours de la part de toutes les startups ici", a répliqué Bettina Hein, cinglante. Mais Christian et Linus ont ensuite fourni des chiffres : 1 million d'ici fin 2022, 3 millions d'ici fin 2023 et d'ici 2025, ils veulent avoir vendu 115'000 unités avec un chiffre d'affaires de 20,5 millions. Tobias Reichmuth a ensuite demandé : pourquoi seulement 100'000 francs de capital ? Il a donc fait une offre : 200'000 francs contre 3,2 pour cent de parts de l'entreprise. Bettina Hein et Roland Brack étaient même prêts à investir ensemble 300'000 francs contre 4,8 pour cent. Finalement, comme Lukas Speiser ne voulait pas participer, il ne restait plus que Jürg Schwarzenbach. Tobias Reichmuth a aussitôt proposé de s'associer avec lui pour une offre de 500 000 francs. Il s'en est suivi une sorte de "bataille d'offres", ce qui est assez rare dans l'émission. A la fin, deux offres étaient en lice : 400'000 à 6,4 pour cent "flat" de Bettina Hein et Roland Brack contre 400'000 francs à 6,4 pour cent également, conçus comme un "convertible loan" de Tobias Reichmuth et Jürg Schwarzenbach. Mais les deux fondateurs ont vu l'opportunité : pourquoi ne pas s'assurer dès aujourd'hui littéralement la part du lion pour un grand tour de financement ? C'est ce qui s'est passé : les quatre lions mentionnés se sont associés et ont injecté ensemble 800 000 francs de capital en échange d'une participation de 14% dans l'entreprise. L'accord de la soirée était donc parfait.

Mise à jour du 22 octobre 2022 :

Après l'émission, les deux fondateurs de l'entreprise ont finalement décliné l'offre des quatre lions. On a appris que la jeune entreprise avait trouvé un autre investisseur qui correspondait mieux à ses attentes.

Plus d'informations sur les prochains envois : https://www.oneplus.ch/detail/1000604

(Visité 1 815 fois, 1 visites aujourd'hui)

Plus d'articles sur le sujet