Les perspectives d'exportation s'assombrissent
Le dernier Allianz Trade Export Forecast est clair : en raison des différentes incertitudes liées au conflit ukrainien, aux craintes inflationnistes et à la hausse des taux directeurs, les perspectives d'exportation s'assombrissent.
L'Allianz Trade Export Forecast se situe à -1,13 point au troisième trimestre (mai : +0,33 point). L'indicateur est ainsi nettement inférieur à la croissance tendancielle à long terme. Au cours des six à douze prochains mois, il faut s'attendre à des taux de croissance annuels négatifs pour les exportations. Les prévisions de croissance pour l'économie mondiale ont de nouveau été revues à la baisse. En conséquence, les perspectives d'exportation n'évoluent plus de manière aussi positive.
Les incertitudes assombrissent les perspectives d'exportation
"Malgré des éclaircies temporaires sur les marchés financiers, la plupart des indicateurs avancés et de sentiment continuent de pointer clairement vers le bas", explique Katharina Utermöhl, économiste chez Allianz Trade Europa. "La guerre en Ukraine, les inquiétudes concernant l'inflation et les hausses des taux directeurs pèsent sur les marchés". Actuellement, on assiste sur le marché des devises à une fuite vers les monnaies sûres comme le franc suisse. Depuis début juillet, l'euro se trouve en dessous de la barre du franc suisse. Le moral des consommateurs et des investisseurs suisses a énormément souffert des incertitudes qui règnent en de nombreux endroits. Ainsi, avec -42 points, le climat de consommation du SECO se situe à son niveau le plus bas depuis le début de l'enquête en 1972. Il est toutefois positif de constater qu'à court terme, le risque de récession pour l'économie suisse est nettement plus faible que pour les pays européens voisins, car la poussée inflationniste et la dépendance au gaz russe sont moins marquées. Mais l'économie suisse n'est pas non plus à l'abri du ralentissement économique mondial.
Correction à la baisse du PIB
Pour la Suisse, Allianz Trade prévoit pour 2022 une croissance du PIB de 2,4 % (2023 : +0,7 %), une inflation de 2,8 % (2023 : +1,6 %) et une croissance des exportations de seulement 2% (2023 : +4,0 %). Le PIB mondial a encore été revu à la baisse. Pour 2022, on s'attend encore à une croissance réelle, corrigée de l'inflation, de 3% (valeur moyenne des prévisions internationales). Au début de l'année, la valeur moyenne était encore de 4,3 %, et il y a trois mois, elle était de 3,3 %.
Le tourisme est un moteur pendant les mois d'été, l'industrie espère l'automne
Les effets de réouverture Corona devraient se faire fortement sentir dans le secteur des services, en particulier pendant les mois d'été, grâce à la reprise du tourisme. L'industrie espère que l'automne sera propice à la reprise, car certains signes indiquent que les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement mondiale ont atteint leur point culminant, ce qui, combiné au ralentissement croissant de l'économie mondiale, devrait permettre d'atténuer les goulets d'étranglement de la production dans les mois à venir. Dès que les entreprises industrielles seront en mesure d'augmenter leur production, l'économie suisse pourra à nouveau espérer, du moins à court terme, un vent conjoncturel un peu plus fort en provenance de l'industrie. Cette perspective présuppose toutefois qu'il n'y ait pas d'interruption de l'approvisionnement en énergie, que ce soit en gaz ou en électricité.
Le marché automobile s'est effondré
Le commerce extérieur suisse a continué de progresser au deuxième trimestre 2022 et a affiché de nouveaux records nominaux dans les deux directions du commerce. Les exportations ont augmenté de 0,9 % par rapport au trimestre précédent. En termes réels, elles ont diminué de 0,5 %. Les importations ont fortement augmenté de 2,4 % en termes nominaux et de 0,6 % en termes réels. La balance commerciale affiche un excédent trimestriel de 7,6 milliards de francs. L'augmentation nominale des exportations au deuxième trimestre 2022 repose sur trois groupes de marchandises : machines et électronique (+420 millions de francs), bijouterie et joaillerie (+334 millions de francs) et métaux (+223 millions de francs). Les expéditions d'instruments de précision ont légèrement augmenté par rapport au trimestre précédent, celles de montres ont stagné à un niveau élevé. Les exportations de produits chimiques et pharmaceutiques ont diminué de 1,2 % (CHF -403 millions). Le recul a été particulièrement marqué pour les produits immunologiques (CHF -1,3 milliard). Le marché automobile s'est effondré, tant pour les voitures de tourisme que pour les véhicules utilitaires. Au premier semestre 2022, 17,7 % de véhicules utilitaires neufs en moins ont été mis sur les routes suisses par rapport à l'année précédente. Selon l'organisation d'importation Auto-Suisse, les problèmes de la chaîne d'approvisionnement se répercutent désormais aussi sur les camping-cars.
Les perspectives d'exportation sont mises à mal
"Nous nous attendons à un net ralentissement de la croissance des exportations suisses au cours des six à douze prochains mois", commente Jan Möllmann, Co-CEO ad interim Allianz Trade Switzerland. "Les raisons en sont toujours des problèmes de chaîne d'approvisionnement, qui devraient heureusement se résorber lentement, une faiblesse de la demande causée par des prix élevés qui inquiètent les consommateurs et les investisseurs, et des risques de récession. La probabilité d'une récession sur les principaux marchés d'exportation comme l'Amérique du Nord et la zone euro est très élevée. La faiblesse des perspectives économiques a entraîné une correction importante sur les marchés des matières premières, à l'exception des produits énergétiques. Cela contribue à maîtriser l'inflation et à restaurer la confiance des consommateurs et des investisseurs. La politique de tolérance zéro de la Chine en matière de lutte contre le COVID-19 entraîne des taux de croissance historiquement bas dans ce pays".
Source : Allianz Trade Switzerland