Planification de la succession dans les PME : 8 règles

"Quand le moment sera venu, je réfléchirai déjà à ma succession". En Suisse, pays des PME, de telles déclarations font partie du quotidien. Pourtant, ce n'est pas la date butoir qui est décisive lors d'une succession, mais le processus en amont. Une solution de succession réussie exige en général un plan de mise en œuvre de plusieurs années - la règle générale est de cinq ans. Pour les familles d'entrepreneurs, il s'agit de l'avenir de l'œuvre de leur vie. Il vaut donc la peine d'observer à temps huit règles importantes.

La réussite de la planification de la succession dans les PME dépend en grande partie d'une préparation précoce. (Photo : obs/Centre des entrepreneurs Raiffeisen/Kzenon)

75 000 entreprises suisses seront confrontées à un règlement de succession au cours des cinq prochaines années. Environ 40 pour cent seront transmis au sein de la famille, 20 pour cent se feront au sein de l'entreprise et environ 40 pour cent vendront l'entreprise concernée à des tiers. Quel que soit le type de transmission, il est primordial de démarrer le projet 'succession' suffisamment tôt : "Cinq ans avant, c'est le moment idéal", explique Thomas Zimmermann, expert en succession expérimenté au sein du Centre des entrepreneurs Raiffeisen. Lors d'une transmission d'entreprise, le principe directeur le plus important est le suivant : "C'est trop important pour être laissé au hasard". L'ancien entrepreneur en construction métallique Zimmermann explique quelles sont les huit règles d'une planification successorale réussie dans les PME.

Règle 1 : désencombrer et alléger l'entreprise.

Une succession est similaire à un déménagement. C'est l'occasion de se débarrasser de ce qui n'est pas nécessaire. L'entreprise doit être dans un état optimal pour être vendue le jour J. Vendable signifie en forme et minceur. En forme dans le sens d'un désencombrement interne et organisationnel, mince dans le sens de la libération de ce qui n'est pas nécessaire à l'exploitation : biens immobiliers non nécessaires à l'exploitation, participations, coopérations avec d'autres entreprises ou membres de la famille sur les listes de salaires qui ne travaillent pas du tout. L'acheteur ne veut normalement pas d'un magasin général, mais d'une entreprise qui se concentre clairement sur son activité principale. Enfin, il faut aussi se pencher très tôt sur la question des liquidités. De nombreuses entreprises ont trop de liquidités. Le futur acheteur ne veut pas acheter de l'argent. Toutes les dimensions mentionnées du désencombrement ont des conséquences fiscales. Cinq ans avant la transmission prévue, cette problématique peut être abordée de manière ciblée.

Règle 2 : gérer la planification de la prévoyance.

L'AVS, la caisse de pension et le patrimoine libre doivent permettre de maintenir le niveau de vie actuel à la retraite. Est-ce que je peux me le permettre à long terme en vendant mon entreprise ? Cette question semble absurde pour beaucoup, mais rares sont ceux qui se penchent suffisamment tôt sur une analyse neutre de la prévoyance. Un manque de planification de la prévoyance peut entraîner des surprises négatives peu avant la vente proprement dite et l'argent pour la retraite peut manquer. Il s'agit pour l'entrepreneur d'analyser sa prévoyance, de combler à temps les éventuelles lacunes de couverture et de verser les liquidités excédentaires de son entreprise à la caisse de pension en franchise d'impôt.

Règle 3 : Maintenir les collaborateurs et la technique à jour.

L'entrepreneuriat est en constante évolution - un fait qui joue un rôle central dans la transmission d'entreprise. Certains entrepreneurs sont déjà très réticents à investir des années avant la succession proprement dite. Cela réduit non seulement la valeur de vente, mais aussi, et c'est presque plus important, le nombre de repreneurs potentiels. Dans cinq ans, certaines branches se retrouveront dans une réalité complètement différente. Il faut s'y préparer dès aujourd'hui. Les futurs repreneurs veulent acheter une entreprise moderne, un parc de machines moderne et adapté et un personnel formé. La formation continue des collaborateurs est un thème permanent - la numérisation dans l'entreprise est une obligation absolue et non un mal nécessaire. Des projets d'innovation réussis sont extrêmement importants pour la capacité de vente. Enfin, la valeur et la notoriété de la marque doivent également être examinées de près.

Règle 4 : trouver un successeur potentiel, le fidéliser et lui donner les moyens d'agir.

Tôt ou tard, la question cruciale se pose : qui doit continuer à diriger mon entreprise ? S'agit-il de mes collaborateurs, d'anciens apprentis, de membres de ma famille ou l'entreprise doit-elle être vendue à des tiers ? Chaque forme de succession a ses propres lois. Mais une chose est sûre : pas de succession sans émotions. Il faut se pencher à temps sur cette question centrale et impliquer le plus tôt possible toutes les personnes intéressées, impliquées et concernées. Le management buyout (MBO) consiste également à lier très tôt les repreneurs potentiels à l'entreprise. Que ce soit par une intégration dans la direction, par un aperçu des chiffres ou par un modèle d'actions attractif. La décision concernant la succession marque le début de la formation continue de l'entreprise. Pourquoi ? Parce qu'il est rare que les bons spécialistes soient aussi des cadres formés.

Règle 5 : De l'optimisation fiscale à la transparence des comptes annuels.

En principe, il est réjouissant qu'une entreprise doive payer des impôts sur les bénéfices. Cela signifie qu'elle est en forme et orientée vers l'avenir. Toutefois, la plupart des entreprises ont tendance à présenter des comptes annuels optimisés sur le plan fiscal, dans le cadre de la marge d'interprétation du droit fiscal. Il faudrait y mettre fin au plus tard cinq ans avant et passer à des comptes annuels transparents. La raison en est simple : pour l'évaluation de l'entreprise, ce qui compte en premier lieu, c'est une situation bénéficiaire saine. La plausibilité des réserves latentes est toujours une question d'interprétation et conduit à des discussions inutiles.

Règle 6 : élaborer des modèles de financement.

Le financement d'une reprise d'entreprise est un défi pour les successeurs, car il est rare que le prix d'achat puisse être entièrement financé par des fonds propres. Cette réalité implique une planification anticipée et une évaluation des possibilités.

  • Crédit bancaire classique : dépend, pour simplifier, d'un prix plausible et équitable et de la compétence du successeur. La banque finance en général 50 à 60% du prix d'achat. En règle générale, le remboursement du crédit doit être possible sur une période de quatre à sept ans grâce au cash-flow libre.
  • Les fonds propres et le crédit bancaire ne suffisent pas toujours. Dans ce cas, une vendeuse peut faciliter le financement en accordant un prêt à la vendeuse : l'acheteur paie généralement immédiatement une partie importante du prix. Pour le reste, la vendeuse lui accorde un prêt contractuel qui, combiné à un financement bancaire, est généralement de second rang.

Règle 7 : Faites appel à des spécialistes.

Le processus de vente est un terrain inconnu pour la plupart des entrepreneurs confirmés : il est recommandé de faire appel à un accompagnement externe pour l'ensemble du processus de succession - car le processus peut être mené de manière ciblée et indépendante par le spécialiste externe. Une préparation et une exécution non professionnelles comportent de nombreux risques. Sur le plan émotionnel, il peut arriver que la famille se déchire à la fin. Et sur le plan technique, il se peut qu'un membre de la famille reprenne l'affaire, soit qu'il ne le veuille pas, soit qu'il n'en ait pas les capacités. Les différences de valeurs et de modes de vie compliquent également le règlement de la succession. Il faut se pencher très tôt sur les étapes les plus importantes d'un point de vue psychologique. Dans presque tous les cas où le processus de succession a échoué, il manquait le déroulement correspondant du processus. Un spécialiste neutre et externe offre ici un soutien très précieux.

Règle 8 : Analyser la forme de la société

Enfin, le droit des sociétés joue bien entendu un rôle essentiel dans la succession d'entreprise. La vente ou la succession d'une société de personnes ou d'une société en nom collectif a généralement des conséquences fiscales, car les réserves latentes doivent être dissoutes. Ici aussi, il est essentiel de planifier suffisamment tôt une éventuelle transformation. Après la transformation d'une société de personnes en une société juridique, une entreprise ne peut être vendue en franchise d'impôt qu'après cinq ans. Le même délai de blocage de cinq ans s'applique à une scission d'une branche d'activité d'une personne morale dans une nouvelle société de capitaux. (p. ex. société d'exploitation / société immobilière).

Aborder à temps la planification de la succession dans les PME

Ces huit règles répondent déjà à la question de savoir pourquoi il vaut la peine de planifier sa succession à temps. L'"œuvre de toute une vie" qu'est l'entreprise est liée à tant de travail et de renoncement que même la dernière étape doit être accomplie de manière aussi irréprochable que profitable.

Note de la rédaction : le Magazine succédant à la revue ORGANISATOR traite chaque année de questions d'actualité relatives à la planification de la succession dans les PME. L'édition 2021 est en préparation.

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