100 ans de la SNV : 2010 à 2020 - un regard sur l'avenir

Le centenaire de la SNV a été une occasion suffisante pour mettre en lumière 10 décennies de travail et de développement de la normalisation. Au cours des 100 dernières années, la SNV a apporté des contributions précieuses et durables, de sorte que la collaboration entre les entreprises et les pays a pu être optimisée en permanence.

Beaucoup de choses ont changé en 100 ans, mais une chose est restée la même : La SNV s'engage toujours autant dans des thèmes pertinents pour l'avenir. Les gestionnaires de programmes de la SNV veillent à ce que des thèmes comme l'authenticité alimentaire, la blockchain, l'énergie, l'économie circulaire ou la fabrication additive soient orientés vers les besoins de l'économie et de la société.

Les gestionnaires de programmes se projettent dans l'avenir

Les Programme Managers SNV ont pour mission d'identifier les tendances futures et de coordonner les projets de normalisation dès le début. Ils organisent des réunions de lancement, recrutent des experts, expliquent le processus de normalisation aux cercles intéressés et accompagnent le travail de projet du comité, qui se compose, selon le thème, d'environ 10 à 50 experts et se réunit généralement une fois par an. Ils sont responsables de la gestion des parties prenantes et mettent en réseau les experts concernés. L'objectif des gestionnaires de programme est de dépasser l'idée de silo et de réunir les différentes parties prenantes autour d'une même table.

Sur quels thèmes d'avenir les gestionnaires de programmes travaillent-ils ? Quatre gestionnaires de programmes et leur supérieur parlent de quelques-uns des thèmes dont ils s'occupent et jettent un regard sur l'avenir.

Lea Leibundgut, responsable du programme Alimentation

(Image : SNV)

Vous vous occupez du thème de l'authenticité alimentaire. Depuis quand travaille-t-on sur des normes en la matière ?
Lea Leibundgut : L'ISO dispose d'un comité technique qui s'occupe des produits alimentaires depuis 1947. Ce comité et ses sous-groupes ont déjà publié 858 normes. Depuis 2016, des experts internationaux se penchent sur la thématique de la Food-Authenticity au sein de l'organisation européenne de normalisation CEN. Dans ce domaine thématique, on ne travaille pas seulement sur une seule norme, mais sur toute une série : Chaque aliment se distingue des autres par sa composition. Dans le cas des contrefaçons alimentaires, on ne sait parfois même pas exactement ce que l'on cherche, contrairement aux résidus de pesticides ou à d'autres contaminants comme les métaux par exemple.

Quel est l'objectif de votre travail ?
L'objectif du domaine thématique Food-Authenticity est d'élaborer des normes relatives aux méthodes permettant de prouver l'authenticité des denrées alimentaires. Ces normes doivent apporter clarté et transparence sur la manière dont la preuve de l'authenticité peut être garantie. Ainsi, les producteurs locaux peuvent être sûrs que leurs matières premières et leurs produits semi-finis ne sont pas des contrefaçons, et les consommateurs peuvent eux aussi être sûrs que leur huile d'olive "extra vierge", par exemple, ne contient pas d'huile issue d'un pressage à chaud.

Pourquoi votre thème est-il pertinent pour l'avenir ?
Dans le monde occidental, se nourrir ne signifie pas seulement apaiser la faim. L'alimentation est synonyme de plaisir et permet de s'identifier, comme par exemple l'alimentation végétarienne ou végétalienne. Les Suisses sont prêts à dépenser plus d'argent pour une meilleure qualité. Les aliments contrefaits peuvent en outre être non seulement de mauvaise qualité, mais aussi dangereux pour la santé. Avec la mondialisation, de plus en plus de produits bruts et semi-finis viennent de loin, les acheteurs ne connaissent pas personnellement les vendeurs. Au lieu d'une confiance aveugle, les deux parties veulent avoir la certitude d'obtenir ce pour quoi elles paient. Des solutions blockchain sont d'ailleurs déjà proposées pour la traçabilité des produits alimentaires.

Où voyez-vous le plus grand défi ?
Il faut trouver des méthodes de test fiables et pertinentes pour divers aliments. De plus, ces méthodes de test doivent être peu coûteuses à utiliser.

Melanie Hasler, responsable du programme Blockchain

(Image : SNV)

Vous vous occupez du thème de la blockchain. Depuis quand travaille-t-on sur des normes à ce sujet ?
Melanie Hasler : L'ISO/TC 307 Blockchain and distributed ledger technologies (DLT) a été créé en 2016. Depuis, 43 pays participent activement à la normalisation internationale. La Suisse en fait également partie. 13 pays sont inscrits au comité en tant qu'"observateurs". Depuis sa création, le rapport technique "Blockchain and Distributed Ledger Technologies - Overview of and Interactions Between Smart Contracts in Blockchain and Distributed Ledger Technology Systems" a été publié. Dix autres projets de normalisation internationaux sont en cours de développement. Le mois dernier, un comité technique (TC) sur la blockchain/DLT a également été créé en Europe. Le comité européen se concentrera surtout sur la compatibilité de la nouvelle technologie avec les exigences de la législation européenne, comme par exemple le règlement général sur la protection des données (GDPR). Les deux premiers groupes de travail au sein du CT se pencheront sur la thématique exigeante de la Blockchain/DLT et du GDPR ainsi que de l'Electronic Identity (e-ID). Au niveau national, le projet de normalisation DLT-for-Power a été lancé ce mois-ci. Celui-ci est mené par le secteur énergétique suisse en collaboration avec la SNV et définira un "DLT-based Power Management and Accounting System". La standardisation de la plate-forme de communication basée sur la DLT doit permettre la compatibilité des diverses applications DLT entre tous les acteurs impliqués. La participation et la collaboration sont ouvertes à tous les milieux intéressés.

Quel est l'objectif de votre travail ?
L'interopérabilité entre les différents fournisseurs, plates-formes et applications est ici très importante. La normalisation dans le domaine de la blockchain/DLT contribue à ce que les producteurs et productrices, les consommateurs et consommatrices, l'économie et la société aient la certitude que la technologie qu'ils utilisent ou développent a un avenir et qu'elle est ou sera compatible avec d'autres systèmes.

Pourquoi votre thème est-il pertinent pour l'avenir ?
Avec la monnaie numérique Bitcoin, la blockchain est devenue mondialement connue en tant que forme de ce que l'on appelle les technologies de ledger distribué (DLT). Rares sont ceux qui parlent de nouveaux modèles commerciaux numériques sans prendre en compte la DLT et la blockchain. En effet, le développement de nouvelles solutions décentralisées basées sur la DLT est très dynamique.

Où voyez-vous le plus grand défi ?
Les nombreux experts doivent être bien coordonnés et le mandat doit être clair. Cela nécessite une bonne communication.

Lukas Möhr, responsable du programme Environnement

(Image : SNV)

Depuis quand travaille-t-on sur des normes relatives à l'économie circulaire ?
Lukas Möhr : L'ISO/TC 323 Circular economy est un nouveau comité technique de l'ISO. Il n'a été créé qu'en 2018 et n'a donc pas encore publié de norme. Actuellement, le comité effectue un travail préparatoire au niveau international afin de pouvoir lancer l'élaboration d'une norme dans un avenir proche. Des experts de 58 pays différents y participent.

Quel est l'objectif de votre travail ?
Dans le domaine de l'économie circulaire, la normalisation peut donner une impulsion pour uniformiser les différents efforts. Plusieurs parties prenantes lancent des appels ou prennent déjà des mesures concrètes contre l'économie linéaire, qui renforce le gaspillage des ressources. Mais si celles-ci vont dans des directions différentes, l'effet s'évanouit. La normalisation aide à ce que tout le monde tire à la même corde et dans la même direction.

Pourquoi votre thème est-il pertinent pour l'avenir ?
Le changement climatique ne préoccupe pas seulement la population en Suisse, mais aussi les habitants de pratiquement tous les autres pays du monde. Les experts cherchent différentes solutions pour réduire l'impact des situations de vie les plus diverses sur l'environnement. L'une des approches discutées est l'économie circulaire. Elle consiste à essayer de recycler un produit après son utilisation, en tout ou en partie, afin qu'il puisse être réutilisé ou servir de nouvelle matière première. L'accent est mis sur le ralentissement et la fermeture des cycles de matériaux et d'énergie. La construction durable, la réutilisation ou le recyclage d'un produit en sont un exemple.

Où voyez-vous le plus grand défi ?
Le thème de l'environnement et de l'économie circulaire en particulier est actuellement sur toutes les lèvres. Il est donc important de le traiter avec sérieux et de ne pas le galvauder. Il ne faut pas trop forcer dès le départ, de sorte qu'au bout d'un certain temps, la motivation diminue et que les solutions proposées s'ensablent. De même, il faut veiller à ce que les exigences puissent être introduites progressivement. Une augmentation trop rapide ne permettra pas d'atteindre l'objectif. Néanmoins, il ne faut pas traîner.

Barbara Guder, responsable du programme Énergie

(Image : SNV)

Depuis quand travaille-t-on sur des normes relatives à l'approvisionnement en énergie et en gaz ?
Barbara Guder : Je m'occupe de projets de normes dans le domaine de l'approvisionnement en énergie et en gaz ainsi que dans le réseau des stations-service. Dans ces secteurs bien établis, des normes internationales sont développées et appliquées depuis des décennies. Le thème de l'énergie est très varié et les normes sont donc développées au sein de différents comités de normalisation, généralement séparément pour chaque source d'énergie. Il existe par exemple le comité international ISO/TC 28 Petroleum and related products and fuels ainsi que l'ISO/TC 193 Natural gas. Pour le domaine de l'énergie électrique, il existe même une commission électrotechnique internationale (CEI). Actuellement, l'ensemble du secteur de l'énergie est en pleine mutation. Pour atteindre les objectifs climatiques, le système énergétique actuel doit être transformé, en passant des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Cette transformation technologique ne peut être mise en œuvre qu'à l'aide de normes.

Quel est l'objectif de votre travail ?
La décarbonisation du système énergétique et l'intégration des énergies renouvelables volatiles représentent un défi majeur. Contrairement au système centralisé actuel, le système énergétique du futur sera un système décentralisé, flexible et intelligent. Les frontières traditionnelles entre les secteurs de l'électricité, du gaz et de la chaleur seront de plus en plus abolies. Pour qu'un tel réseau énergétique intelligent puisse fonctionner sans problème, les multiples composants et interfaces doivent être bien adaptés les uns aux autres. Des experts du monde entier développent des normes pour les nouvelles technologies Power-to-X, les appareils de mesure et les capteurs intelligents ainsi que pour les nouvelles technologies de stockage. Mais les exigences de qualité pour les sources d'énergie renouvelables comme le biogaz, le bio-fioul et l'hydrogène sont également définies dans des normes.

Pourquoi votre thème est-il pertinent pour l'avenir ?
Le changement climatique est un défi mondial et, dans le monde entier, des personnes élaborent des programmes et des catalogues de mesures afin d'empêcher la poursuite du réchauffement de la planète et de réduire les émissions de CO2-2de l'UE. Comme le secteur du bâtiment et la mobilité contribuent de manière significative aux émissions de CO2-c'est là que l'on essaie d'agir et d'explorer de nouvelles voies. Le système énergétique du futur doit être pensé "plus loin" qu'auparavant et sera beaucoup plus interconnecté. Les réseaux d'électricité, de gaz et de chaleur se rapprochent, et les bâtiments et les voitures feront partie du futur système énergétique. Les bâtiments produisent de l'électricité grâce à des panneaux solaires, et les voitures servent à stocker l'énergie ou consomment de l'hydrogène renouvelable dans un moteur à pile à combustible.

Où voyez-vous le plus grand défi ?
De même que les technologies se rapprochent de plus en plus et que des solutions interdisciplinaires sont nécessaires, les organisations et les entreprises doivent elles aussi se transformer, former des réseaux et coopérer. Fini l'esprit de cloisonnement (silo), place aux équipes interdisciplinaires. Cela représente un grand défi pour le secteur de l'énergie, qui est plutôt conservateur et a jusqu'à présent agi de manière très séparée selon les sources d'énergie. Les marchés sont également réglementés de manière différente, par exemple le marché de l'électricité et celui du gaz. Dans ce domaine, il revient au législateur d'édicter de nouvelles réglementations adaptées au marché. Un autre défi est que la Suisse est intégrée dans un marché européen de l'énergie (un réseau énergétique) et ne peut pas établir de solutions isolées. Lorsqu'il s'agit d'intégrer des gaz renouvelables comme le biogaz et l'hydrogène dans le réseau énergétique, le comité national de normalisation INB NK 162 "Gaz" joue un rôle important. Le comité de normalisation compte actuellement 20 experts, principalement issus des associations professionnelles. Nous souhaiterions y voir encore plus de représentants de l'industrie et de la recherche. Dans le domaine de la normalisation internationale de l'hydrogène, la Suisse n'est malheureusement qu'un pays observateur passif. L'objectif pour 2020 est que la Suisse joue ici un rôle plus actif dans la normalisation et qu'elle apporte son savoir-faire à la normalisation internationale.

Marcel Knecht, responsable Normalisation et relations internationales, Programme Manager Thèmes SWISSMEM

(Image : SNV)

Depuis quand travaille-t-on sur des normes relatives à la fabrication additive ?
Marcel Knecht : L'ISO/TC 261 Additive manufacturing a été créé en 2011. Depuis, 25 pays participent activement à la normalisation internationale. La Suisse en fait également partie. 8 pays sont inscrits dans le comité en tant que pays observateur. Depuis sa création, 13 normes ont déjà été publiées. 24 autres projets de normalisation internationale sont en cours de développement. La majorité de ces projets de normalisation sont élaborés en coopération avec l'organisation américaine ASTM. Au niveau européen, le CEN/TC 439 a été créé en 2015. Actuellement, le comité européen ne travaille pas sur ses propres projets de normes, mais apporte son expertise à l'ISO. Au niveau national, les expertes et experts du SWISSMEM/NK 1261 Rapid Prototyping and Rapid Manufacturing apportent également leur expertise au comité de normalisation ISO.

Quel est l'objectif de votre travail ?
L'Additive Manufacturing est une technologie encore très jeune, à laquelle on prédit un très grand avenir. Dans une première phase, des normes ont été élaborées sur les exigences de base et la terminologie. Les nouveaux projets de normes portent à présent sur les détails techniques tels que les méthodes de test, les méthodes de post-traitement ou les formats de fichiers. L'objectif premier est d'améliorer l'interopérabilité et la comparabilité des produits.

Pourquoi votre thème est-il pertinent pour l'avenir ?
La fabrication additive est très pertinente pour l'avenir. Grâce à cette technologie de fabrication par ajout de matière, il est possible de fabriquer des pièces avec des structures et des géométries entièrement nouvelles, impossibles à réaliser avec les processus de fabrication conventionnels comme le fraisage, le tournage ou le perçage. Il est ainsi possible d'adapter exactement les épaisseurs de matériau et les géométries des pièces aux contraintes et de fabriquer des composants particulièrement légers et résistants. De plus, le processus est très flexible. Les entreprises à la pointe de la technologie fabriquent des pièces pour des prototypes en 24 heures et peuvent ainsi raccourcir énormément le temps de développement de nouveaux produits.

Où voyez-vous le plus grand défi ?
Étant donné que de nombreuses start-ups sont actives dans le domaine de la fabrication additive, il est très difficile d'expliquer l'utilité de leur engagement dans la normalisation. Souvent, cela échoue en raison des ressources humaines limitées de ces jeunes entreprises. Néanmoins, il est essentiel pour les start-ups de garder un œil sur les projets de normalisation.

Votre participation est requise !

Vous souhaitez participer à l'élaboration de normes internationales ? En participant à un comité national de normalisation, vous mettez plus rapidement vos produits et services sur le marché grâce à l'avance que vous avez sur vos concurrents en matière d'information. En tant que membre du comité, vous rencontrez d'autres experts nationaux du secteur et pouvez discuter avec eux des nouveaux projets de normes. De plus, vous avez la possibilité de nouer des contacts internationaux.

En savoir plus sur https://www.snv.ch/de/mitglieder/vorteile-der-mitgliedschaft.html!

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