Un boom conjoncturel n'est pas encore en vue - L'industrie souffre d'un "trou d'investissement
Une petite reprise n'est pas encore un boom conjoncturel. L'îlot de cherté reste menacé par le flot d'euros. Les PME-MEM ne pourront pas compenser en quelques mois la longue lutte pour les marges et le trou d'investissement qui en résulte.

La Suisse pousse un soupir de soulagement : le franc s'est détendu, les exportations suisses augmentent, un boom conjoncturel est de retour au niveau international et les attentes de l'industrie suisse sont plus que bonnes. "L'économie suisse se porte à nouveau bien", telle est l'opinion générale. Mais comme chacun sait, une hirondelle ne fait pas le printemps, car certains éléments ne sont pas pris en compte, comme l'écrit l'association Swissmechanic dans un nouveau communiqué de presse : Premièrement, il n'est absolument pas garanti que l'envolée de l'euro se poursuive (risque d'un nouveau choc du franc) et deuxièmement, les conséquences économiques de la force du franc sont loin d'être surmontées (convalescence des PME). Troisièmement, poursuit le communiqué, l'envolée actuelle de l'euro a été en partie créée artificiellement. Selon les données de l'autorité de surveillance Commodity Futures Trading Commission, ce sont justement les gros investisseurs qui parient sur une force durable de l'euro par rapport au dollar. Les derniers chiffres indiquent que ces positions spéculatives sur un euro plus fort n'ont jamais été aussi élevées depuis au moins le début de l'année 2015.
L'île de Franc et la marée d'euros
La valeur du franc suisse est donc un peu plus faible depuis peu et peut rapidement remonter. Si une crise venait à se profiler, les entreprises suisses se retrouveraient immédiatement avec de l'eau jusqu'au cou. Les développements internationaux et l'évaluation de l'euro représentent un risque permanent. Néanmoins, le franc suisse reste une valeur refuge pour les investisseurs du monde entier en temps de crise. Il en résulte une pression constante à la hausse. Actuellement, les effets négatifs sont masqués par la reprise économique actuelle. Dans le contexte de taux d'intérêt bas et d'un franc qui s'apprécie, cela devrait toutefois inquiéter tout le monde. Si l'on ne veut pas assister à une "mort massive" des PME-MEM suisses dans un avenir proche, le temps est venu d'agir, compte tenu du risque d'un nouveau choc du franc.
Rebond contre reprise
Dès la crise financière de 2008, puis de manière plus marquée en 2015, l'industrie a dû faire face au franc fort. Depuis, il y a un problème de marge pour les PME orientées vers l'exportation, car elles doivent vendre au prix du marché mondial. Pour beaucoup, cela signifiait : Le parc de machines n'a certes pas été renouvelé, mais les réserves de capitaux ont tout de même été réduites et donc aucune nouvelle réserve d'investissement n'a été constituée. Pour de nombreuses petites entreprises, il ne s'agit pas d'un report d'investissement voulu, mais d'un trou d'investissement et d'un énorme problème. Le taux d'intérêt négatif n'a pas non plus eu d'effet positif sur les investissements dans l'industrie de transformation. Une reprise à long terme est nécessaire pour la convalescence des PME. Une reprise d'à peine six mois, qui ne touche toutefois pas tous les secteurs et toutes les tailles d'entreprises, ne suffit pas. Se vanter maintenant que l'économie suisse se porte à nouveau bien serait illusoire et éloigné de la réalité.
Le boom conjoncturel est empêché par le trou d'investissement et l'assèchement du crédit
Une nouvelle enquête de Swissmechanic montre que plus de 70% des personnes interrogées souhaitent investir dans l'industrie 4.0. Toutefois, l'image est divisée au niveau international en ce qui concerne le financement. Plus de la moitié des PME-MEM suisses établies s'en sortent sans crédit bancaire. La part des entreprises bénéficiant d'un financement bancaire est donc nettement plus faible en Suisse (35 %) que dans les pays voisins : Italie (52%), France (49%), Autriche (48%), Allemagne (45 %). Une demande de crédit réussie nécessite un essor à plus long terme : elle exige en effet de bons rapports d'activité sur le long terme, une infrastructure moderne, des garanties et des modèles commerciaux orientés vers l'avenir. Plus de 27% des entreprises n'obtiennent donc plus de crédit et plus de 26% ne souhaitent pas se prononcer à ce sujet. Les grandes entreprises qui ont également participé à cette enquête ont d'autres possibilités de se procurer des fonds ou délocalisent simplement une partie de leur production à l'étranger.
Swissmechanic a reconnu ce trou d'investissement comme un problème important pour les PME suisses et en discutera le 14 septembre lors du Business Day avec plus de vingt experts issus de la politique, de la technique, de la recherche et de l'économie. Seront notamment présents : Gerhard Pfister, Ruedi Noser, le professeur Peter Jaeschke, Otto Hofstetter et bien d'autres. www.swissmechanic-businessday.ch.