Les managers RH suisses et les défis de la réduction des effectifs
LHH, un fournisseur de solutions intégrées de gestion des talents et une division mondiale du groupe Adecco, présente l'analyse du rapport sur les tendances en matière d'outplacement et de mobilité de carrière en 2024, adaptée à la Suisse. Le rapport se base sur une enquête menée auprès de 3'000 responsables des ressources humaines et 8'100 employés en Suisse et dans huit autres pays (Allemagne, Autriche, Grande-Bretagne, France, Etats-Unis, Espagne, Australie et Brésil).
Le rapport montre que les raisons des suppressions d'emplois évoluent sensiblement face aux progrès technologiques et aux défis économiques persistants. Les responsables du personnel sont de moins en moins nombreux à citer le sureffectif comme raison principale d'une suppression de poste. Au lieu de cela, ils évoquent le manque de travail et de qualifications des collaborateurs ainsi qu'une pression économique accrue.
"Les licenciements seuls ne constituent pas une solution durable aux défis auxquels les entreprises sont confrontées aujourd'hui. Même si les licenciements sont parfois nécessaires, c'est plutôt une stratégie à long terme - investir dans la reconversion, la mobilité interne et un traitement humain - qui garantit un succès durable, tant pour les entreprises que pour les travailleurs", explique Svyatoslav Shalayoda, SVP Career Transition & Mobility et Leadership Development LHH Allemagne, Suisse, Belgique, Pays-Bas et Pologne.
LHH a constaté qu'en raison de la réduction continue des effectifs, les directeurs des ressources humaines ont de plus en plus recours à des programmes de réorientation professionnelle afin de combler les lacunes de qualification. Ils investissent également dans des services d'outplacement afin de soutenir les employés qui quittent l'entreprise et de faciliter leur transition vers de nouvelles opportunités de carrière.
"Le marché mondial de l'emploi a connu d'importants bouleversements l'année dernière. Cela est principalement dû à l'importance et à l'intégration croissantes de l'IA", explique John Morgan, président des divisions Career Transition & Mobility et Leadership Development chez LHH. "Nos recherches montrent d'une part que le personnel s'adapte à cette nouvelle réalité et d'autre part que les dirigeants reconnaissent la nécessité de développer des stratégies de talents pour soutenir les collaborateurs tout au long de leur carrière. Les reconversions et les réorientations sont essentielles pour maintenir une organisation agile. La technologie a considérablement amélioré les réorientations du personnel et nous permet d'identifier et de développer rapidement les compétences recherchées pour les collaborateurs en transition de carrière. Une fois la nécessité de ce soutien reconnue, tant les employeurs que les employés pourront affronter l'avenir avec plus de confiance et de force".
Les principaux résultats : Les suppressions de postes déplacent l'accent sur les compétences et les performances - avec une réduction continue des coûts
Les licenciements restent très répandus et ne montrent guère de signes de ralentissement : en Suisse, la moitié des licenciements sont dus à des changements de stratégie (50%), suivis par une performance insuffisante (46%) et des réductions de coûts (37%). Sur l'ensemble des 9 pays, seuls 28% des licenciements sont dus à des réductions de coûts en raison de l'inflation et des difficultés économiques. En outre, il est frappant de constater que la qualification des travailleurs est nettement meilleure en Suisse que dans les autres pays, puisque seuls 17 % des travailleurs sont licenciés en raison d'un manque de qualifications. Les principales raisons en Suisse sont clairement la stratégie, un faible rendement du travail et les coûts.
"En 2024, 94% des entreprises suisses interrogées prévoient de nouveaux programmes de soutien pour les employés touchés par des suppressions de postes - l'un des engagements les plus élevés au monde. Ce fort soutien souligne le contexte macroéconomique difficile en Suisse, où, en plus d'une importante pénurie de main-d'œuvre qualifiée, il existe un besoin de restructuration des organisations - une contradiction à court terme qui nécessite une solution à long terme", explique Svyatoslav Shalayoda.
En moyenne, dans les neuf pays, 73% des directeurs des ressources humaines licencient ou envisagent de licencier cette année, contre 77% en 2023. Les principales raisons des licenciements ne sont plus un trop grand nombre d'embauches (ce que l'on appelle le "sureffectif"), mais une mauvaise performance (30,2%) et un manque de compétences appropriées (29,7%). Avec l'intégration croissante de l'IA dans le monde du travail, le besoin de collaborateurs disposant des compétences adéquates augmente dans tous les pays.
Les programmes de réorientation prennent leur envol
En Suisse, la quasi-totalité des responsables des ressources humaines (96%) ont envisagé de reporter les licenciements et de pourvoir les postes vacants par des reconversions, ce qui reflète la grande crainte d'une future pénurie de personnel. Un nombre considérable de 82% de responsables suisses des ressources humaines indiquent avoir mis en place un programme de réorientation. D'autres 14% l'envisagent, mais ne disposent pas des ressources nécessaires pour le mettre en œuvre.
Dans les neuf pays, on observe également une évolution notable vers des programmes de réorientation : 82% des responsables RH envisagent la réorientation des employés comme alternative à la réduction des effectifs. De la même manière, la part des cadres RH qui mettent en œuvre des programmes de réorientation a augmenté de 25 points de pourcentage depuis 2023 et s'élève désormais à 47%. Cela indique une tendance croissante à la rétention et à la réorientation des employés.
Le burnout est un problème mondial
Face à la réduction continue des effectifs, les responsables des ressources humaines reconnaissent le burnout comme un problème mondial. En Suisse, 80% des employés ont vu leur équipe s'épuiser au cours des 12 derniers mois en raison de l'insécurité et de la charge de travail. Cela a amené 26% à envisager de démissionner et un nombre encore plus important (30%) à postuler à des postes en dehors de l'entreprise. D'autres (23%) se sont mis à la recherche de nouvelles opportunités de carrière au sein de l'entreprise.
Ce chiffre est nettement plus élevé que la comparaison mondiale, où 69% des employés déclarent que leurs équipes sont épuisées. L'épuisement professionnel est devenu la principale préoccupation des cadres RH à l'échelle mondiale : 25% s'inquiètent du fait qu'une charge de travail accrue pourrait entraîner un épuisement professionnel, contre 6% en 2023. Les employeurs devraient être attentifs à l'impact de l'épuisement professionnel dans le contexte des licenciements, car la réaction la plus courante des employés restants est de remettre en question leur avenir au sein de l'entreprise. Cela montre clairement la nécessité d'offrir aux employés des possibilités de se reconvertir dans des rôles internes et de développer leurs compétences en matière de leadership. Cela permet d'assurer une transition en douceur et de renforcer l'attachement à l'entreprise des collaborateurs qui restent après la suppression de postes.
L'importance d'une gestion efficace des collaborateurs augmente
98% des personnes interrogées en Suisse estiment que leur stratégie de fidélisation des collaborateurs est efficace. Une partie de cette stratégie consiste à créer une culture dans laquelle les collaborateurs peuvent faire progresser leur carrière et dans laquelle les formations continues et les reconversions sont encouragées. Près de 9 directeurs des ressources humaines sur 10 estiment que leurs programmes de développement du leadership - notamment sur les thèmes des entretiens de carrière efficaces et du leadership efficace - sont efficaces.
Source : www.adeccogroup.com / www.lhh.com