Marché du travail : de larges connaissances linguistiques augmentent nettement les chances de trouver un emploi

Bien qu'une baisse marginale des postes vacants soit enregistrée au 1er trimestre 2023 par rapport au 4e trimestre 2022 (-1%), le marché du travail suisse reste résilient. L'Adecco Group Swiss Job Market Index se maintient à un niveau historiquement élevé pour le trimestre en cours. Les travailleurs qui disposent de connaissances dans différentes langues ont actuellement de très bonnes chances sur le marché du travail. C'est ce que montre l'enquête scientifiquement fondée de l'Adecco Group Swiss Job Market Index, le moniteur du marché de l'emploi en Suisse de l'Université de Zurich.

Plus d'un tiers des offres d'emploi mentionnent deux langues ou plus, les travailleurs ayant des connaissances dans deux langues étant particulièrement recherchés. (Graphique : Adecco Group)

Le marché suisse du travail commence l'année 2023 avec une légère baisse du nombre de postes vacants. L'Adecco Group Swiss Job Market Index stagne ainsi à un niveau toujours historiquement élevé. Par rapport au 4e trimestre 2022, le 1er trimestre 2023 enregistre 1% d'offres d'emploi publiées en moins. Cependant, par rapport au même trimestre de l'année précédente (1er trimestre 2022), le Job Index a augmenté de 4%. "L'hiver doux a joué un rôle décisif dans l'obtention d'une une crise énergétique potentielle et, par conséquent, un effondrement économique d'empêcher la hausse de la demande. La demande de main-d'œuvre est ainsi restée globalement stable. Les chiffres du chômage, qui se situent à un niveau très bas en février 2023, en témoignent", explique Yanik Kipfer du Moniteur suisse du marché de l'emploi.

Focus spécial : les connaissances linguistiques sur le marché du travail suisse

La Suisse est connue pour sa diversité culturelle, qui se manifeste notamment dans les quatre langues nationales que sont l'allemand, le français, l'italien et le romanche. La diversité linguistique renvoie à l'importance des connaissances linguistiques en tant qu'avantage concurrentiel décisif sur le marché du travail suisse. Ceci est d'autant plus vrai à une époque où les entreprises opèrent de plus en plus à l'échelle mondiale et où la communication avec la clientèle et les partenaires commerciaux de différents pays se développe. Mais quelles sont les langues réellement demandées par les employeurs et quelle est la pertinence de la maîtrise simultanée de plusieurs langues ? Le Moniteur du Marché d'Emploi de l'Université de Zurich a examiné les annonces d'emploi en fonction des exigences linguistiques. Concrètement, les langues mentionnées implicitement ou explicitement dans les annonces d'emploi ont été analysées. Ainsi, une annonce a été classée comme "mentionne la langue allemande" si elle est rédigée en allemand (mention implicite de la langue) ou si des déclarations telles que "connaissances d'allemand souhaitées" figurent dans l'annonce (mention explicite de la langue).

Une analyse de la demande par langue nationale montre que la grande majorité des offres d'emploi publiées en Suisse mentionnent des connaissances en allemand (87%), suivies du français (23%) et de l'italien (4%). En outre, environ 1% des offres d'emploi mentionnent des connaissances en suisse allemand, contre moins de 1% pour les connaissances en langues romanes. La répartition de la demande par langue nationale correspond donc très largement à la composition linguistique de la Suisse. Selon l'Office fédéral de la statistique, en 2021, 62% de la population suisse parlait l'allemand comme langue principale, suivi du français (22,8%), de l'italien (7,9%) et du romanche (0,5%).

En ce qui concerne les langues étrangères, l'anglais (32%) est la deuxième langue la plus souvent mentionnée après l'allemand. La demande de connaissances en anglais dépasse donc celle des langues nationales que sont le français, l'italien et le romanche. Seule une faible proportion des offres d'emploi publiées au cours des neuf dernières années mentionne des connaissances dans d'autres langues étrangères (~1%), le portugais et l'espagnol étant notamment fréquemment cités. Dans l'ensemble, on constate que plus d'un tiers des annonces mentionnent deux langues ou plus, les travailleurs ayant des connaissances dans deux langues étant particulièrement recherchés. Les combinaisons de langues les plus fréquemment citées sont l'allemand et l'anglais ou l'allemand et le français.

De larges connaissances linguistiques sont demandées - l'allemand en premier lieu. (Graphique : Adecco Group)

Différences régionales : le Röstigraben linguistique

Si l'on analyse la demande en fonction des langues dans les différentes grandes régions, on constate que les connaissances en allemand sont demandées dans la grande majorité des offres d'emploi dans les grandes régions germanophones : Suisse orientale (99%), Zurich (95%), Suisse centrale (94%), Suisse du Nord-Ouest (93%) et Espace Mittelland (90%). Néanmoins, dans le sud-ouest de la Suisse (37%), plus d'un tiers des offres d'emploi recherchaient des candidats ayant des connaissances en allemand.

La connaissance du français est surtout importante dans le sud-ouest de la Suisse (73%). Contrairement aux connaissances d'allemand dans le sud-ouest de la Suisse, les connaissances de français jouent un rôle moins important dans les grandes régions germanophones, à l'exception de l'Espace Mittelland (32%), qui comprend à la fois des cantons francophones et germanophones. Les annonces d'emploi qui mentionnent des connaissances de français ne représentent jamais plus d'un sixième de toutes les annonces dans les différentes grandes régions de Suisse alémanique.

La maîtrise de l'anglais est importante en priorité dans les grandes régions dotées de centres économiques internationaux, comme Zurich (42%), le sud-ouest de la Suisse (42%), le nord-ouest de la Suisse (34%) et la Suisse centrale (30%). Dans ces régions, les entreprises et les organisations sont souvent orientées vers les marchés mondiaux et ont des partenaires commerciaux internationaux.

Les connaissances en italien jouent un rôle plutôt secondaire par rapport aux autres langues. Même dans le sud-ouest de la Suisse, qui comprend le canton du Tessin, seules 7% de toutes les annonces recherchaient des connaissances d'italien. Dans les autres grandes régions, la demande de connaissances d'italien ne représente plus qu'une part marginale.

Personnel de bureau et administratif : nous cherchons des talents linguistiques !

La demande de langues varie également en fonction du groupe professionnel et de la région linguistique. En général, on constate que les langues principales régionales (par exemple l'allemand en Suisse alémanique) sont particulièrement importantes pour les professions artisanales et les professions de service et de vente. Ces groupes professionnels sont souvent en contact direct avec leur clientèle et desservent principalement des marchés régionaux.

Une analyse plus approfondie des données révèle en outre des différences différenciées dans la composition régionale de la demande. Ainsi, par exemple, la maîtrise de l'allemand est plus exigée en Suisse latine que celle du français en Suisse alémanique, tous groupes professionnels confondus. Il est frappant de constater que près de la moitié de toutes les offres d'emploi en Suisse latine exigent la maîtrise de l'allemand pour les groupes de professions Technique (49%) et Bureau et administration (48%). En comparaison, le groupe professionnel qui demande le plus de connaissances en français en Suisse alémanique - les spécialistes en bureautique et administration (30%) - montre que la connaissance de l'autre langue nationale est plus importante en Suisse latine qu'en Suisse alémanique. Cela s'explique notamment par la diversité linguistique de la Suisse latine, qui comprend des cantons francophones et italophones, ainsi que des cantons franco-allemands comme le Valais et Fribourg.

En Suisse latine, on accorde généralement un peu plus d'importance à la connaissance de l'anglais qu'en Suisse alémanique. Dans les deux régions linguistiques, on attend en particulier des cadres une bonne connaissance de l'anglais. De manière surprenante, les cadres sont en outre le groupe professionnel pour lequel la connaissance des langues nationales régionales respectives est la moins exigée. Dans l'ensemble, on peut dire que la connaissance de l'anglais joue un rôle important dans les deux régions linguistiques, surtout pour les professions universitaires et les professions de bureau/administratives. En ce qui concerne les connaissances d'italien, il apparaît également que les groupes professionnels du sud-ouest de la Suisse sont plus demandeurs que ceux de Suisse alémanique. Dans les deux régions linguistiques, les connaissances en italien sont toutefois surtout mentionnées dans les offres d'emploi pour les professionnels du bureau et de l'administration.

De manière générale, on observe que la connaissance de plusieurs langues est particulièrement importante pour les professionnels du bureau et de l'administration. Cela s'explique probablement par le fait que la clientèle dont s'occupent ces professionnels dépasse souvent les frontières linguistiques et nationales, contrairement à la clientèle des métiers de l'artisanat et de la vente.

Source : Groupe Adecco

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