"L'âgisme est le nouveau sexisme"
Le 20 mars 2023, le Think Tank de Swiss Diversity a eu lieu pour la deuxième fois. Ce groupe de réflexion, qui a réuni de nombreuses personnalités du monde économique, politique, culturel, social, religieux et scientifique, avait cette année pour thème la discrimination fondée sur l'âge.
Les femmes sont-elles en principe moins bien loties dans la vieillesse ? Existe-t-il des structures sociales pour les personnes âgées issues de la communauté LGBTQ+ ? Et les personnes âgées sont-elles structurellement désavantagées sur le lieu de travail, voire discriminées en raison de leur âge ? Le catalogue de thèmes du think tank "Age is just a number... really ?" de l'association à but non lucratif Swiss Diversity est vaste : "L'âgisme est le nouveau sexisme", déclare Ellen Kocher, oratrice invitée au think tank et auteure d'un livre sur la génération 50+ en Suisse.
Lors de ce groupe de réflexion, d'autres personnes de renom se sont réunies le 20 mars à l'Université de Berne pour discuter des problèmes, des tendances et des solutions possibles autour de la discrimination liée à l'âge. Les participants sont issus des secteurs les plus divers : Stefan Gal, co-directeur de la diversité chez Swisscom, Michael Hoekstra, président du conseil de la ville de Berne ou Ines Hartmann, co-directrice du Competence Centre for D&I University of St.
Quand le sexe ou le passé détermine l'avenir
"Les personnes âgées sont encore victimes d'un préjugé selon lequel elles bloqueraient la nouveauté et empêcheraient ainsi l'innovation", explique Christiane Bisanzio, présidente du jury de Swiss Diversity et cofondatrice du think tank. Mais les personnes âgées ne sont pas les seules à devoir lutter contre les préjugés. Les femmes, par exemple, ont souvent une moins bonne retraite à la retraite, d'une part parce qu'elles sont désavantagées par le gender pay gap et d'autre part parce qu'elles continuent à être davantage responsables de la garde des enfants et du ménage. Un travail qui est socialement très précieux, mais qui n'implique pas de cotisations au 2e pilier.
La plupart du temps, il vaut toutefois la peine de se pencher sur le passé socio-économique et culturel des personnes pour comprendre la discrimination dont elles font l'objet dans la vieillesse. Les personnes issues de ménages financièrement faibles ont tendance à être moins bien formées et à trouver plus tard des emplois mal payés et physiquement pénibles, par exemple dans les soins ou l'artisanat. Conséquence : à l'âge de la retraite, les corps sont abîmés par l'effort physique et la pension suffit à peine pour vivre pour beaucoup.
La semaine de quatre jours : une solution pour toutes les générations ?
Outre tous les domaines problématiques, le think tank a surtout mis l'accent sur les solutions possibles. Un exemple marquant : la semaine controversée de quatre jours. "Nous sommes convaincus que toutes les générations profiteraient d'une semaine de quatre jours", affirme Bisanzio avec conviction. L'économie n'est pas non plus totalement opposée à ce nouveau modèle de temps de travail : "La santé des employés, en particulier, profiterait d'une semaine de quatre jours - quelle que soit la génération dont ils sont issus", explique Bisanzio. Les collaborateurs en bonne santé sont moins souvent absents de leur poste de travail. Pour les entreprises, il est toutefois essentiel que la productivité ne souffre pas d'une semaine de quatre jours.
La solution qui sera finalement retenue n'est toutefois pas trop décisive pour l'association et c'est ainsi que Stephan Lendi, co-fondateur de Swiss Diversity et animateur du groupe de réflexion, a conclu la soirée par ces mots : "Il est important que les différents domaines problématiques de la discrimination liée à l'âge fassent davantage l'objet d'un discours. Le thème de cette année, "l'âge", s'y prête idéalement, car il est intersectionnel et s'adresse donc à un large groupe cible, même au sein des différents domaines de la diversité".
Source et informations complémentaires : Diversité suisse