Les banques privées ont connu une bonne année 2021 - mais l'avenir est difficile

En 2021, les banques privées suisses géraient des actifs d'une valeur de 3263 milliards de francs, après une hausse record de 373 milliards de francs. Les défis géopolitiques et macroéconomiques croissants creusent toutefois l'écart entre les banques privées bien positionnées et celles qui sont plutôt faibles.

De nombreuses banques privées suisses ont surfé sur la vague du succès en 2021. Mais pour l'avenir proche, certaines doivent s'attendre à de forts vents contraires. (Image : KPMG)

2021 a été une année en or pour les banques privées en Suisse. L'année dernière, les actifs sous gestion ont augmenté de CHF 373 milliards (12,9%) et s'élèvent désormais à CHF 3'263 milliards. Les nouveaux capitaux nets de CHF 131 milliards ainsi que la performance de CHF 234 milliards due aux marchés des actions et des devises très positifs ont largement contribué à cette croissance. Pour 91% des banques, les actifs sous gestion ont augmenté en 2021, la valeur médiane atteignant une croissance record de 13,7%. Le bénéfice brut a augmenté à CHF 5,8 milliards en 2021 et les revenus à CHF 19,7 milliards, selon une enquête réalisée par la société d'audit KPMG en collaboration avec l'Université de Saint-Gall. Dans cette étude "Clarity on Swiss Private Banks", 76 banques privées actives en Suisse et 11 au Liechtenstein ont été examinées au total. La performance de ces établissements ainsi que les principales tendances du secteur ont été évaluées.

L'accentuation entre les banques privées "faibles" et "fortes" s'accentue

Malgré les excellents résultats mentionnés ci-dessus, l'écart entre les banques privées fortes et faibles continue de se creuser. Selon KPMG, le nombre de banques ayant subi des pertes opérationnelles a fortement augmenté au cours des trois dernières années, malgré un environnement très positif. La médiane du rendement des fonds propres était de 10,1% pour les banques fortes et de -2,0% pour les banques faibles. "Les banques fortes abordent de manière très robuste un environnement macroéconomique qui s'assombrit clairement. Pour les banques faibles et moyennement fortes, l'environnement économique incertain devient un défi majeur, ce qui entraînera à nouveau un recul accéléré du nombre de banques privées", ajoute Philipp Rickert, responsable Financial Services chez KPMG Suisse.

Les "Big8" vont dominer le paysage bancaire privé suisse à long terme

Avec l'affaiblissement du secret bancaire et la transparence fiscale croissante due à l'échange automatique d'informations, de nombreuses banques privées ont procédé à des améliorations stratégiques et opérationnelles et ont investi dans le repositionnement de leurs activités. Le succès est au rendez-vous : si l'on exclut UBS et Credit Suisse, un groupe de huit grandes banques privées suisses se distingue de plus en plus, représentant près de 80% des actifs sous gestion des banques analysées et près de 90% du bénéfice brut. "Cette forte croissance est la conséquence d'un succès continu sur le marché. Grâce à un meilleur service à la clientèle et à des performances supérieures à la moyenne, les "Big8″ ont réussi à fidéliser les clients existants, à augmenter leur 'share of wallet' et à attirer de nouveaux clients", explique Philipp Rickert. Ce qui est décisif, c'est que le succès permet à ces banques d'attirer les meilleurs collaborateurs et d'investir continuellement dans des services de haute qualité, des produits sur mesure et des initiatives numériques. Cela permet aux banques de stabiliser leurs marges bénéficiaires sur un marché très concurrentiel.

Le nombre de banques privées en Suisse est passé de 99 fin 2020 à 92 en juin 2022. La forte dynamique des transactions, avec dix fusions et acquisitions au premier trimestre 2022, s'est arrêtée en raison de l'incertitude créée par la guerre en Ukraine, de la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt ainsi que de la crainte d'une récession imminente.

Le secteur des gérants de fortune indépendants face à une transformation fondamentale

Le secteur suisse des gérants de fortune indépendants (GFI) s'est également bien comporté ces dernières années. 37 des plus grands GFI gèrent des avoirs de clients de plus de 100 milliards de CHF, ce qui dépasse les 69 milliards de CHF d'avoirs de clients combinés des 29 petites banques privées prises en compte ici. Mais le marché des EAI est lui aussi en pleine évolution : Des exigences réglementaires plus élevées, un intérêt croissant de la part des investisseurs étrangers en private equity et une base de conseillers vieillissante, proche de la retraite.

Fin juillet 2022, suite à la loi suisse sur les établissements financiers (FINIG), seuls quelque 400 GFI sur 2 100 avaient obtenu une autorisation de la FINMA. "La plupart des gérants indépendants sont de très petites entreprises qui, sous la pression actuelle du temps, préfèrent vendre leur activité plutôt que de demander une licence. Cela pourrait entraîner une augmentation considérable des activités de fusion et d'acquisition ou la disparition de nombreux petits acteurs", explique Christian Hintermann.

Les vents contraires des prochaines années accélèrent la consolidation des banques privées

Après de nombreuses années de hausse des valorisations sur les marchés financiers et dix ans de taux d'intérêt négatifs, l'inflation est de retour et les taux d'intérêt augmentent. Le groupe des banques privées fortes est bien positionné pour faire face à des vents contraires clairement croissants, déclenchés par une stagnation économique, voire une récession, de plus en plus probable. La pression d'agir sur les banques plus faibles, qui ont pu profiter d'une hausse boursière record, va toutefois augmenter de manière significative. KPMG Suisse part du principe que cette nouvelle réalité augmentera le besoin de consolidation parmi les banques privées les plus faibles de Suisse et que l'on assistera à une nouvelle vague de sorties du marché et à une plus forte concentration sur la place financière suisse.

Source : KPMG

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