Activités M&A 2017 : les PME achètent à tour de bras
Les PME suisses sont en bonne santé et se sont montrées enclines à faire des acquisitions en 2017 : Le nombre de fusions et d'acquisitions a augmenté en 2017 par rapport à l'année précédente pour atteindre 201, selon la nouvelle étude de Deloitte sur les activités M&A des PME en Suisse.
Les PME restent le moteur le plus important des activités M&A en termes de nombre. En 2017, Deloitte a enregistré 201 transactions M&A impliquant des PME suisses, ce qui représente une augmentation de 5,2% par rapport à l'année précédente. La tendance à la hausse observée en 2016 se poursuit donc, même si le nombre de transactions est encore assez clairement inférieur à celui de 2013 et 2014, comme le souligne l'étude publiée le 29 janvier. "Depuis le choc du franc suisse il y a trois ans, de nombreuses PME ont amélioré leur efficacité, investi dans l'innovation et la qualité et rendu leurs prix plus compétitifs. De plus, elles sont généralement rentables et peu endettées. Leur focalisation sur la croissance a stimulé le marché des transactions et continuera à l'alimenter", explique Jean-François Lagassé, associé principal Financial Advisory de Deloitte Suisse.
Les entreprises nord-américaines aiment les PME suisses
L'année dernière, 141 PME suisses ont cédé leur indépendance à des concurrents ou à des investisseurs, qui ont chacun repris la majorité du capital. Cela représente une augmentation de huit pour cent, principalement due aux acheteurs nationaux (71 transactions, +16%). Les rachats de PME par des entreprises étrangères ont connu une hausse minime, passant de 69 à 70 transactions. "Les familles d'entrepreneurs sans successeur vendent volontiers en Suisse. De nombreux investisseurs étrangers acquièrent des PME suisses parce qu'ils souhaitent s'internationaliser tout en profitant à long terme du site et du savoir-faire", explique Jean-François Lagassé. Les acheteurs étrangers sont principalement venus d'Amérique du Nord (17 transactions, +89%) et d'Allemagne (15 transactions, +88%). En revanche, les acheteurs français (8 transactions, -58%) et surtout chinois (1 transaction, -66%) sont restés en retrait en 2017. "Ces dernières années, les investisseurs chinois n'ont jamais occupé une position importante dans les transactions de PME dans notre pays. Ils ont plutôt investi dans des entreprises plus grandes. Après que le gouvernement chinois a exhorté les entreprises à être plus prudentes dans leurs investissements l'année dernière, leur importance a encore diminué. Les PME suisses sont tout de même encore un peu loin pour les investisseurs chinois", estime Stephan Brücher, partenaire et responsable du Corporate Finance Advisory.
Les entreprises tech suisses passent en mains étrangères
Dans le cadre des activités de M&, les entreprises des secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications ont fortement gagné en attractivité avec 17 transactions (contre 9 l'année précédente, +89%). "Dans de nombreux secteurs, la numérisation favorise la croissance et augmente la productivité. Les PME étrangères veulent exploiter activement le potentiel des nouvelles technologies et investissent dans des entreprises suisses pour se développer. Nous avons ici un pôle de recherche de niveau mondial, nous offrons un pool de talents de haut niveau et des conditions-cadres encore favorables au développement, ce qui est très intéressant pour les investisseurs étrangers", explique Stephan Brücher. De même, plusieurs entreprises fintech suisses ont connu une forte croissance l'année dernière et ont pu conclure d'importants tours de financement. Elles se retrouvent ainsi sur le radar des sociétés internationales de private equity ou des grands prestataires de services financiers. "Certaines entreprises fintech suisses pourraient être rachetées en 2018 ou attirer de nouveaux investisseurs stratégiques", estime Jean-François Lagassé.
Les PME suisses achètent aussi de plus en plus d'entreprises à l'étranger
Malgré la nette augmentation des transactions en Suisse, les PME locales continuent d'entretenir des activités de M&A également à l'étranger. Après le record de 61 l'année dernière, le nombre d'investissements à l'étranger n'a que très légèrement baissé à 60. Les PME suisses achètent ce qu'elles connaissent et ce qui leur est proche : 82% des acquisitions ont été réalisées en Europe et 57% dans les pays voisins de la Suisse. L'Allemagne est restée la destination privilégiée avec 25 acquisitions (42% de toutes les transactions). "Malgré la dépréciation du franc suisse, l'activité d'achat toujours soutenue à l'étranger prouve que les entreprises locales saisissent les opportunités de croissance externe en Europe et au-delà. Le niveau toujours élevé des investissements à l'étranger reflète la robustesse des PME suisses et les perspectives de croissance réjouissantes dans la zone euro. Les PME suisses pensent à long terme et poursuivent leur diversification dans d'autres régions et secteurs", commente Stephan Brücher à propos de ces chiffres.
Les capitaux et les liquidités ne semblent pas manquer et de nombreux investisseurs recherchent intensivement des placements rentables : dans cette situation, beaucoup achètent des PME suisses ; ce sont surtout des fonds étrangers qui ont fait leur entrée en 2017 : en 2017, 28 PME suisses ont été la cible d'une reprise de la majorité du capital par des fonds de private equity (+23%). Les fonds proviennent pour 32% de Suisse, 61% ont leur siège dans le reste de l'Europe. Les fonds américains n'ont réalisé que deux acquisitions, les fonds asiatiques sont restés absents du marché, comme l'année précédente.
Augmentation claire de l'activité M&A prévue pour 2018
Trois ans après le choc du franc, l'économie s'est redressée. La baisse du franc par rapport à l'euro laisse aux entreprises la possibilité d'augmenter leurs bénéfices et renforce la confiance des PME suisses orientées vers l'exportation. "L'année 2018 devrait être prometteuse pour les PME suisses. La perspective d'une monnaie stable aux alentours de 1,20 CHF/EUR stimule les exportations et encourage les investissements. En particulier, beaucoup doivent développer des installations de fabrication et moderniser l'exploitation", poursuit Jean-François Lagassé.
Une grande prudence est néanmoins de mise, car les fluctuations monétaires sont difficilement prévisibles. "La BNS pourrait marcher dans les pas de la BCE et de la Réserve fédérale américaine pour normaliser rapidement sa politique monétaire. Cela mettrait fin brutalement à la dépréciation du franc. En outre, il est également important pour les PME suisses que la réforme de l'impôt sur les sociétés avance rapidement et que les relations avec l'UE soient réglées de manière orientée vers l'avenir et favorable à l'économie", a déclaré Lagassé.