Les CEO suisses entre euphorie de la croissance et points d'interrogation sur la durabilité

Selon PwC, plus de 80% des CEO suisses s'attendent à une croissance de l'économie mondiale. Ils mettent toutefois de gros points d'interrogation derrière les thèmes de la neutralité CO2 ou du zéro net.

La croissance économique oui, mais les thèmes de la durabilité sont encore une plante (trop) fragile pour les CEO suisses... (Image : Unsplash.com)

Avec l'édition 2022 de l'"Annual Global CEO Survey", la société d'audit et de conseil PwC se penche pour la 25e fois sur les défis actuels et futurs des CEO du monde entier. Près de 4500 CEO ont été interrogés dans le monde entier, dont une bonne centaine en Suisse. 35% d'entre eux représentent l'industrie manufacturière, 27% le commerce de détail et le marché des biens de consommation, 15% les prestataires de services financiers, 10% le secteur de la santé, 9% le secteur de la chimie/métaux/énergie et 4% le secteur Telco et Tech. 50% des entreprises participantes emploient moins de 500 personnes.

La pandémie a accumulé un retard à combler

81% des CEO suisses se déclarent extrêmement optimistes quant à la croissance de l'économie mondiale au cours des douze prochains mois, malgré la persistance de la pandémie du COVID-19. Cette valeur a augmenté de 14% par rapport à l'année précédente et se situe 4% au-dessus du niveau mondial.

L'optimisme domine également l'évaluation de l'évolution du chiffre d'affaires. 64% se disent très confiants, voire très confiants, dans la croissance de leur chiffre d'affaires au cours des 12 prochains mois ; 74% le sont dans la croissance de leur chiffre d'affaires pour les trois prochaines années. Andreas Staubli, CEO de PwC Suisse, déclare à ce sujet : "L'optimisme en matière de croissance reflète la forte demande, qui est rapidement revenue en 2021, année de la deuxième pandémie. En outre, les prévisions conjoncturelles sont positives".

La Chine recule en tant que partenaire commercial

Dans l'édition 2022 de l'étude, les cartes des marchés du commerce extérieur sont redistribuées. Interrogés sur la pertinence des pays ayant un impact sur la croissance du chiffre d'affaires au cours des douze prochains mois, 52% des participants à l'étude citent l'Allemagne (2020 : 39%), 50% les États-Unis (2020 : 45%) et 27% la Chine (2020 : 39%). Les CEO suisses partent manifestement du principe qu'en raison du nouveau plan quinquennal de la République populaire, il sera de plus en plus difficile pour les entreprises étrangères de gagner de l'argent en Chine et avec la Chine.

Les cyber-risques, préoccupation n°1 des CEO suisses

Cette année encore, les cyber-risques arrivent en tête du baromètre des préoccupations avec 100% de citations (globalement : 96%). D'une part, les cyberattaques sont omniprésentes dans les médias. D'autre part, une compréhension plus aiguë des cyberattaques et de leurs conséquences s'est développée depuis peu. De nombreux cadres connaissent des personnes concernées dans leur réseau professionnel. 82% pensent qu'une cyberattaque pourrait rendre impossible la vente de produits ou de services (globalement : 59%). En fin de compte, les attaquants hautement professionnalisés visent les processus critiques basés sur les technologies de l'information tels que la vente, le marketing, la distribution ou les relations publiques - par exemple par le biais d'un chantage (ransomware).

La durabilité, oui, mais comment ?

Le changement climatique arrive en cinquième position du baromètre des menaces, avec 85% de citations. En conséquence, les CEO estiment qu'il est urgent d'adopter une gestion durable, par exemple en promettant un bilan net nul, la neutralité carbone ou un reporting selon les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

Les CEO suisses se montrent toutefois prudents dans la mise en œuvre de telles stratégies : 45% n'ont pas pris d'engagement de neutralité CO2 à ce jour (global : 41%) et 55% n'ont pas défini d'objectif de zéro net (global : 44%). 65% sont pessimistes quant à la possibilité d'atteindre la neutralité CO2 ou le zéro net (global : 55%). Andreas Staubli, CEO de PwC Suisse, commente cette hésitation : "La plupart des branches sont passées directement du mode crise au mode durabilité. Mais apparemment, le désir de plus d'ESG (Environnement, Social, Gouvernance) n'est pas partout compatible avec l'élasticité des prix des marchés".

La définition et la mesurabilité des objectifs ESG font également l'objet de réticences. 88% des CEO interrogés partent du principe que leurs entreprises n'émettent pas de quantités significatives de gaz à effet de serre. Seuls 44% intègrent des objectifs quantitatifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans leur stratégie à long terme. Et 91% déclarent que leur entreprise ne peut actuellement pas mesurer les émissions de gaz à effet de serre.

L'étude complète est disponible sur www.pwc.ch/ceo-survey-de télécharger

(Visité 79 fois, 1 visites aujourd'hui)

Plus d'articles sur le sujet