De plus en plus de plates-formes de crowdfunding
En 2015, le marché suisse du crowdfunding a de nouveau connu une forte croissance selon une étude de la Haute école de Lucerne. Par rapport à l'année précédente, le volume des fonds intermédiés a augmenté de 73 pour cent pour atteindre 27,3 millions de francs. Le crowdlending pour les PME et le real estate crowdfunding vont continuer à assurer une croissance marquée, tout comme le nombre toujours croissant de plateformes de crowdfunding.
Les personnes à la recherche d'argent pour une start-up, une initiative culturelle de jeunes, une production de film ou un engagement dans la protection de l'environnement trouvent de plus en plus souvent leur bonheur sur les plateformes de crowdfunding. Le "Crowdfunding Monitoring Schweiz", réalisé pour la troisième fois par l'Institut für Finanzdienstleistungen Zug IFZ de la Haute école de Lucerne, montre que cette forme alternative d'intermédiation financière s'impose de plus en plus et qu'elle a de nouveau connu une très forte croissance l'année dernière : bien que le volume des sommes d'argent intermédiées reste faible par rapport aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne par exemple, il a presque été multiplié par neuf en Suisse depuis 2011 pour atteindre 27,3 millions de francs en 2015. Cela représente une croissance de 73% par rapport à l'année précédente. Pour l'analyse, les données de 31 plateformes actives en Suisse ont été prises en compte. Elles sont réparties en quatre catégories (voir détails dans l'encadré) : crowdinvesting (argent contre participation à l'entreprise), crowdlending (argent contre intérêts), crowdsupporting (argent contre biens/services) et crowddonating (pas de contrepartie directe).
De nouvelles offres et plates-formes comme moteurs de croissance
Comme en 2014, c'est le secteur du crowdlending qui a connu la plus forte croissance en 2015, à savoir 127 %. "Cette forte croissance est surtout liée à l'arrivée sur le marché de plateformes qui permettent non seulement aux particuliers, mais aussi aux PME, d'obtenir des crédits via le crowdfunding", explique le codirecteur de l'étude et professeur de finance Andreas Dietrich. Dans le domaine du crowdinvesting, qui a progressé de plus de la moitié, une nouvelle offre a également vu le jour depuis 2015 : le crowdfunding dit immobilier, qui permet de devenir copropriétaire proportionnel de biens immobiliers. "Tant le KMU-Lending que le Real Estate Crowdfunding voient affluer des sommes importantes, ce qui a eu des répercussions sur le volume total", explique Dietrich. Le crowdsupporting/crowddonating reste toutefois la catégorie la plus importante en termes de volume, avec 12,3 millions de francs de fonds placés. Un montant considérable de 5,5 à 6 millions de francs est attribué à l'industrie culturelle et créative.
Une raison décisive de la croissance générale est le nombre de plateformes ainsi que le renforcement de l'ancrage du crowdfunding auprès de la population suisse. Alors qu'en 2013, seules 14 plateformes étaient actives en Suisse, ce nombre avait doublé fin 2014. En avril 2016, on comptait déjà 40 plateformes. Au total, plus de 90'000 personnes ont soutenu financièrement des campagnes de crowdfunding l'année dernière. Les auteurs de l'étude estiment que depuis que le crowdfunding existe en Suisse, environ deux pour cent de la population suisse a soutenu cette forme alternative de placement de fonds.
Les personnes qui soutiennent les campagnes sont souvent des femmes, plutôt âgées et vivant en milieu urbain.
Pour la première fois, la Haute école de Lucerne a également mené une enquête auprès des personnes soutenant un projet, appelées "backers". L'objectif était d'étudier leurs motivations et leurs caractéristiques. L'équipe de recherche a évalué les réponses de plus de 430 backers. L'analyse a montré que les femmes cofinancent plus souvent des projets que les hommes, que les backers ont tendance à avoir plus de 35 ans et qu'ils vivent plutôt en ville qu'à la campagne. Dans le domaine du crowdsupporting/crowddonating, les motifs sont majoritairement de nature altruiste et idéelle. La connaissance personnelle de l'emprunteur joue également un rôle déterminant. Dans le crowdlending et le crowdinvesting, les motifs financiers sont en revanche clairement au premier plan.
Une croissance importante attendue en 2016
Pour l'année 2016, les auteurs de l'étude s'attendent à une nouvelle accélération de la croissance à environ 65 millions de francs. "Ce sont en particulier le KMU-Lending et le Real Estate Crowdfunding qui assureront des volumes plus élevés", explique Dietrich. "Mais nous nous attendons également à une poursuite de la croissance dans le domaine du crowdsupporting, car le degré de notoriété est désormais très élevé en Suisse".
Le "Crowdfunding Monitoring Schweiz" est réalisé chaque année par l'Institut für Finanzdienstleistungen Zug IFZ de la Haute école de Lucerne, en coopération avec Swisscom et avec le soutien des plateformes suisses de crowdfunding.
Source : www.hslu.ch/crowdfunding