Grève des femmes : une étude montre que les femmes sont discriminées dès le processus de recrutement

Avec la grève des femmes, les Suissesses protestent le 14 juin contre la discrimination persistante des femmes. L'étude de la HESB Economie qui vient de paraître montre maintenant que les femmes sont déjà désavantagées de différentes manières dans la procédure de candidature.

La grève des femmes attire l'attention sur les discriminations dont sont toujours victimes les femmes. Une étude montre que la grossesse ou la "menace de grossesse" désavantage les femmes dès la procédure de candidature. (Image : estebantroncosofoto0 / Pixabay.com)

Les femmes peuvent être désavantagées sur le marché du travail, que ce soit en raison d'une maternité existante ou de la possibilité d'une grossesse. C'est ce que montre une étude publiée ces jours-ci dans le cadre de la grève des femmes. D'une part, les employeurs peuvent percevoir les femmes en âge de procréer comme "susceptibles de tomber enceintes". D'autre part, les employeurs qui embauchent des mères craignent qu'en raison de la répartition conservatrice des rôles, celles-ci soient plus souvent responsables de la garde des enfants que les hommes et qu'elles soient éventuellement plus souvent absentes, par exemple pour cause d'enfants malades.

Enquête à grande échelle dans les pays germanophones

Ana Fernandes de la Haute école spécialisée bernoise en économie, en collaboration avec Sascha O. Becker de l'Université de Warwick et Doris Weichselbaumer de l'Université de Linz, a analysé l'influence de ces facteurs sur la pratique de recrutement des entreprises sur le marché du travail germanophone dans le cadre d'une étude de correspondance à grande échelle en Allemagne, en Suisse et en Autriche. Pour ce faire, les chercheurs ont envoyé environ 9.000 candidatures fictives pour des postes à temps plein et à temps partiel mis au concours. Dans les CV, ils ont donné des indications différentes sur l'état civil et le nombre d'enfants pour les prétendues candidates, tout en conservant pour toutes le même âge et les mêmes expériences professionnelles antérieures.

Une grossesse potentielle empêche déjà l'embauche

Le résultat fait dresser l'oreille : Les femmes qui sont mariées, qui n'ont pas d'enfants et qui travaillent à temps partiel sont moins souvent invitées à un entretien d'embauche que les femmes célibataires. La raison : l'employeur considère que les personnes mariées sont particulièrement "à risque" de tomber enceintes. Parallèlement, les mères de deux jeunes enfants sont moins susceptibles d'être invitées à un entretien que les mères de deux enfants plus âgés, car les employeurs craignent que les enfants plus petits tombent plus souvent malades et que les employées soient plus souvent absentes. Les chercheurs attribuent les différences constatées entre les résultats à temps plein et à temps partiel à deux facteurs :

  1. Le travail à temps partiel est beaucoup plus fréquent dans les pays germanophones que dans l'UE, par exemple.
  2. Le travail à temps partiel est fortement enraciné dans les valeurs de ces sociétés, qui perçoivent le travail et la maternité comme moins compatibles que d'autres pays européens.

Planification familiale achevée comme avantage

Lorsque les candidates postulent pour un emploi à temps partiel, les employeurs y voient une motivation à vouloir concilier vie professionnelle et vie familiale. En conséquence, les candidates qui ont une probabilité plus élevée d'être enceintes sont désavantagées et la préférence est donnée aux candidates qui signalent que leur projet familial est terminé.

En revanche, les candidates à un emploi à temps plein signalent que, quelle que soit leur situation familiale, elles ont la certitude de pouvoir faire garder leurs enfants, sans quoi elles ne pourraient pas concilier leur emploi à temps plein avec cette situation. Les candidates à des postes à temps plein qui fournissent les mêmes informations sur leur situation familiale et le nombre d'enfants que les candidates à des postes à temps partiel ne sont donc pas désavantagées.

Conclusion de l'étude

  1. Les femmes mariées mais sans enfants qui postulent pour un emploi à temps partiel ont le moins de chances d'être invitées à un entretien d'embauche par rapport aux autres candidats à temps partiel ayant des types de famille différents.
  2. Les femmes qui ont deux enfants plus âgés et qui postulent pour un emploi à temps partiel sont celles qui ont le plus de chances d'obtenir un entretien d'embauche par rapport aux autres types de composition familiale différente. C'est un résultat surprenant et presque
    résultat paradoxal, car ces emplois sont typiquement considérés comme particulièrement favorables à la famille.

En accord avec ce thème, la HESB Économie organise les 30 et 31 août la conférence "Discrimination sur le marché du travail". Dans le cadre de cet événement académique, une table ronde intitulée "Les coûts de la garde externe des enfants et les
Participation des femmes au marché du travail". Les invités prévus sont Claudine Esseiva, conseillère municipale de Berne (PLR), Dr Sylvie Durrer, directrice de l'Office fédéral de l'égalité FOGE et Irenka Krone-Germann, fondatrice et directrice de Part-time Optimizing.

Source : Haute école spécialisée bernoise

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