Rapport sur l'éducation 2018 : les personnes peu qualifiées sont mal desservies par la formation continue

Le rapport sur l'éducation 2018 a été publié récemment. Il en ressort qu'une formation continue ne compense pas forcément les différences de formation. Au contraire, elle creuse même le fossé entre les personnes bien qualifiées et celles qui le sont moins - selon le rapport officiel.

Silvia Steiner, présidente de la CDIP, et le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, lors de la présentation du "Rapport sur l'éducation en Suisse 2018" à Berne. (Photo : RS)

Il pèse lourd, le "Rapport sur l'éducation en Suisse 2018", non seulement par ses 330 pages, mais surtout par son contenu. Ce rapport, rédigé par le Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation (CSRE) sous la direction de l'économiste de l'éducation Stefan Wolter, n'est rien de moins qu'une vue d'ensemble du système éducatif suisse. Il a été élaboré sur mandat de la Confédération et de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP). Sa structure suit celle des rapports précédents de 2014 et 2010.

Le rapport sur l'éducation, paru fin juin 2018, fournit des données et des informations complètes issues de nombreuses statistiques issues de la recherche et de l'administration (réparties en quelque 500 thèmes) et s'interroge également "sur l'impact de l'éducation sur l'individu et sur la société" (source : alice.ch).

La formation continue est également à l'ordre du jour

Le rapport s'intéresse également à la formation continue. Pas moins de 14 pages lui sont consacrées, la nécessité de la formation continue étant déterminée exclusivement en fonction de la formation professionnelle, du maintien et du développement des connaissances (professionnelles) ainsi que des bouleversements technologiques et économiques. La formation continue non professionnelle n'est pas prise en compte. En outre, l'équipe d'auteurs évite dans une large mesure de se prononcer sur l'efficacité et l'utilité de la formation continue en raison du manque de données empiriques.

De même, la formation continue n'a pas été directement mentionnée lors de la présentation à Berne, ni dans les propos de Stefan Wolter, ni dans ceux du conseiller fédéral Schneider-Ammann ou de la présidente de la CDIP Silvia Steiner. Pourtant, différents phénomènes qui caractérisent l'éducation formelle peuvent être lus dans le chapitre "Formation continue", pour ainsi dire comme une suite. Par exemple, lorsqu'il est question des différentes conditions de départ : celles des enfants au début de leur parcours scolaire et celles des participants à la formation continue ou des personnes qui n'y participent pas.

Pas de compensation grâce à la formation continue

Une vérité amère s'impose d'emblée : la formation continue n'assure pas l'équilibre entre les personnes ayant des niveaux d'éducation formelle différents. Au contraire : les personnes qui disposent déjà d'une formation formelle importante bénéficient également plus souvent d'une formation non formelle. Ainsi, le fossé entre les personnes peu formées et les personnes bien formées continue de s'élargir, écrivent les auteurs. La promotion de l'égalité des chances dans l'accès à la formation continue reste donc un défi majeur.

Pour les personnes qui ont immigré en Suisse à un âge où le processus de formation formelle est généralement achevé, la formation continue offrirait également la possibilité de compenser les déficits de formation. Si l'on veut favoriser leur intégration durable sur le marché du travail, le rapport indique qu'il faut d'abord combler les déficits dans le domaine de la formation formelle. Or, dans de nombreux cas, la base doit d'abord être créée. En effet, si l'on veut intégrer des personnes sans formation post-obligatoire dans la formation continue, il faut en règle générale commencer par leur transmettre les compétences de base, constate l'équipe d'auteurs :

Un travailleur étranger sur quatre est concerné

Certes, la part des actifs sans formation post-obligatoire a diminué en Suisse au cours des dernières décennies ; en 2016, elle était encore de 10 pour cent dans la classe d'âge des 40-64 ans et de près de 5 pour cent dans la classe d'âge des 25-29 ans. Mais parmi les actifs étrangers âgés de 40 à 64 ans, une personne sur trois ou quatre n'a pas de formation post-obligatoire.

Le fossé entre les personnes bien qualifiées et celles qui le sont moins se creuse encore davantage lorsqu'il s'agit d'acquérir des connaissances ou de se perfectionner, car les personnes les plus qualifiées apprennent aussi plus efficacement et peuvent donc utiliser un investissement éducatif de manière plus productive.

Qu'est-ce que l'homme peut faire de mieux que l'ordinateur ?

Qu'ils soient bien ou peu qualifiés, les changements technologiques et les mutations économiques concernent tous les actifs. Par le passé, cela ne s'est toutefois pas traduit par une augmentation de la participation à la formation continue. "Il est difficile de faire des pronostics concernant la numérisation", a souligné le conseiller fédéral Schneider-Ammann. On peut toutefois supposer que dans un avenir proche, l'intelligence artificielle sera capable d'effectuer de nombreuses tâches aussi bien qu'un être humain. "Nous ne pouvons pas courir après l'ordinateur", a déclaré Stefan Wolter. Il faut donc réfléchir à la manière de développer le curriculum pour que l'homme puisse se développer de manière complémentaire à l'ordinateur. Le rapport sur l'éducation dessine le point de départ de ces réflexions - du moins dans une mesure limitée, également pour la formation continue. (RS)

sur le rapport sur l'éducation

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