André Lüthi demande que : Les collaborateurs doivent réintégrer l'équipe et pas seulement le bureau
En tant que pilote, le globe-trotter André Lüthi maintient avec succès le cap du Globetrotter Group. Il sera l'invité du Swiss Management Run le 17 septembre à Arosa. Dans l'interview qu'il nous a accordée en avant-première, il nous parle de la pensée flexible, du home office et de la raison pour laquelle il faut faire confiance lorsque les freins sont cassés.
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Le 17 septembre 2021 aura lieu la Swiss Management Run, une plateforme exclusive pour faire du sport et échanger avec jusqu'à 250 cadres suisses. En amont de la course, le symposium Fit for Management proposera des conférences et des discussions passionnantes. D'ores et déjà, l'orateur invité André Lüthi du Globetrotter Group répond à nos questions.
Monsieur Lüthi, vous êtes vous-même considéré comme un globe-trotter. Quelle expérience de voyage vous a le plus marqué dans votre activité professionnelle ?
André Lüthi : Ce qui m'a marqué, c'est de savoir comment se comporter avec les autres. En voyageant, on rencontre d'autres cultures, d'autres religions, d'autres visions du monde - on apprend la tolérance et le respect. Dans notre monde du management, je constate souvent des lacunes à ce niveau. Nous préférons nous baser sur des listes Excel et oublier le facteur humain. J'ai appris cela en voyageant. L'apprentissage le plus important a toutefois été de faire confiance aux gens. Je pense que la tâche de direction la plus importante est d'avoir la bonne personne à la bonne place et de lui accorder de la liberté. Cela signifie faire confiance
Vous dites que les managers devraient voyager plus souvent et quitter leur bureau. Pourquoi ?
André Lüthi : En voyage - et je ne parle pas de vacances sur une chaise longue - on apprend à connaître ses limites. Beaucoup de choses ne se passent pas comme prévu. Il faut penser et agir avec souplesse. On apprend - par la force des choses - à faire confiance aux gens. Car si tu voyages en Inde dans un bus aux freins "légèrement cassés", complètement obsolète et bondé, tu devras faire confiance au chauffeur. Le respect des autres et la connaissance de ses propres limites : Ce sont les qualités qui caractérisent un bon manager.
Or, la pandémie nous a privés de liberté et de mobilité à bien des égards. Quelles leçons tirez-vous de Corona ?
André Lüthi : C'est la plus grande crise que le tourisme ait jamais connue dans le monde. Il y a une lumière au bout du tunnel, même si ce tunnel est sacrément long. Depuis le 14 mars 2020, j'ai souvent atteint mes limites. Nous savions que notre bateau sortirait de la tempête avec des dégâts et des pertes, mais nous savons que nous ne chavirerons pas. Nous avons subi des pertes de 78% en 2020 et avons dû passer de 450 collaborateurs à 280 aujourd'hui. Avec mes 13 CEO, nous avons eu de nombreux débats, parfois émotionnels. Cela nous a tous mis à rude épreuve. Mais comme en voyage, je savais que les choses continueraient d'une manière ou d'une autre. Nous en sommes tous sortis grandis.
Quelle a été votre bouée de sauvetage ?
André Lüthi : En Suisse, nous avons eu vraiment de la chance. Quel pays a versé aussi rapidement et sans bureaucratie des aides Covid, versé des indemnités et initié des programmes pour les cas de rigueur ? Quand je vois ce qui se passe actuellement au Pérou, au Vietnam et Cie, où les gens n'ont rien et ne reçoivent aucun soutien de l'État, je me dis que nous sommes ici en terre promise. Nous avons la chance d'être en Suisse et nous devrions enfin arrêter de nous plaindre et dire merci à la Berne fédérale.
Mot-clé : bureau à domicile. Comment un manager se comporte-t-il de manière responsable avec ses collaborateurs à cette époque ?
André Lüthi : Hormis les obligations administratives à respecter, rien ne peut remplacer le contact personnel. Je suis clairement partisan d'un retour au bureau. Mais pas pour l'office, mais pour les personnes. En tant que manager, il faut créer un environnement dans lequel les collaborateurs reviennent volontiers, à savoir l'équipe. Bien sûr, grâce à Corona, il existe des possibilités de travail plus flexibles. Là où cela a du sens, je suis entièrement pour. Mais il doit y avoir un retour aux personnes.
Selon vous, à quoi ressemblera le "nouveau normal" ? Y aura-t-il un retour à avant Corona ? Qu'est-ce qui reste, qu'est-ce qui change ?
André Lüthi : Avant Corona, nous avions en partie le problème de l'overtourism. Maintenant, c'est le contraire qui s'est produit. Je serais déjà satisfait s'il y avait un juste milieu. Mon appel est le suivant : voyagez plus consciemment ! Le voyage doit devenir une école de vie, un développement personnel. Il ne peut donc pas se faire à des prix de dumping. C'est pourquoi il faut abandonner les dix courts séjours bon marché du week-end au profit de voyages choisis et plus longs, au cours desquels on apprend à connaître le pays et ses habitants. Les employeurs devraient également être plus flexibles dans ce domaine. J'espère qu'après Corona, les mentalités changeront un peu à ce sujet.
Plus d'informations sous : https://www.management-run.ch/