"LéXPLORE" : une station de recherche scrute le lac Léman
Depuis le 19 février 2019, la plateforme de recherche d'une bonne centaine de mètres carrés appelée "LéXPLORE" flotte sur le lac Léman. A son bord : d'innombrables sondes et capteurs à l'aide desquels les chercheurs de l'Eawag, de l'EPFL et des Universités de Lausanne et de Genève veulent comprendre les processus écologiques dans le lac Léman ainsi que les interactions entre l'eau et l'atmosphère.
Pourquoi le projet "LéXPLORE" est-il important pour la recherche environnementale ? "Les lacs agissent au-delà des frontières nationales comme des signaux d'alerte précoce sensibles aux changements environnementaux", explique Johny Wüest, physicien des eaux et membre de la direction de l'Eawag, qui a lancé le projet "LéXPLORE" avec son collègue Bas Ibelings de l'Université de Genève.
Interpréter la vie marine
De l'eau pour boire et irriguer ; un habitat pour les poissons, les plantes et les petits animaux ; un espace de détente pour nous : les lacs sont uniques pour l'homme et la nature. Pourtant, ces écosystèmes fragiles sont sous pression. Outre la modification de l'utilisation des sols et les apports de nutriments et de polluants, le changement climatique influence également les lacs de nos régions alpines : Comme l'eau des lacs se réchauffe en permanence, la stratification des lacs se renforce et la composition du plancton se modifie. Les chercheurs craignent par exemple que les algues bleues (cyanobactéries) ne se développent fortement à l'avenir et n'affectent l'eau potable et la pêche.
L'équipe de chercheurs veut maintenant étudier de tels changements et leur arrière-plan scientifique à l'aide de "LéXPLORE". "Cette plateforme est la station de recherche flottante la plus moderne au monde sur un lac", explique Natacha Pasche, limnologue et responsable du projet à l'EPFL. Jusqu'en 2026, la station de recherche sera en service près de Pully (VD) et enregistrera ainsi les changements horaires, saisonniers et à long terme. L'équipe du projet entend collaborer avec les utilisateurs du lac : Les pêcheurs professionnels, la navigation, la protection de la nature et les autorités ainsi que les chercheurs et autres personnes intéressées doivent pouvoir utiliser immédiatement les données et les nouvelles connaissances.
Une prouesse technique
Après avoir testé la plateforme sous toutes ses coutures dans le canal du Bouveret en décembre 2018, les chercheurs l'ont ancrée hier dans le lac. "Cela n'a pas été facile", souligne Natacha Pasche, car les ancrages peuvent atteindre 140 mètres de profondeur. Au cours des prochains mois, tous les instruments de mesure et des dizaines de capteurs seront installés. Une station météorologique enregistrera ainsi quotidiennement les températures et les vents, des capteurs saisiront les vitesses de courant ainsi que la lumière, les turbulences, l'oxygène, le dioxyde de carbone, différents groupes d'algues et diverses substances naturelles et artificielles. "Cela devrait encore prendre un certain temps avant que tout fonctionne parfaitement", explique Pasche. "Mais nous sommes impatients de commencer enfin les mesures et de percer les secrets du lac".